Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

©Gallimard

Le livre du jour

“Un tout autre Sartre”, de François Noudelmann

Victorine de Oliveira publié le 20 octobre 2020 3 min

Attention, vous risquez d’être surpris ! Et si le Sartre engagé que l’on connaît haranguant des ouvriers sur un tonneau ou voyageant partout dans le monde pour soutenir la cause des opprimés, n’avait pas tout à fait les motivations qu’on lui imagine ? C’est la conclusion de François Noudelmann, qui a recoupé correspondances et écrits personnels pour dresser le portrait d’Un tout autre Sartre (Gallimard, 208 p., 18 €) : un philosophe qui rechigne à la tâche, peste contre la charge de travail, accepte telle ou telle intervention avant tout parce qu’elle lui permet de retrouver une maîtresse… 

Noudelmann aime à pointer les hésitations, les incohérences et les bizarreries qui émaillent l’œuvre et la vie des philosophes, même les plus rigoureux. L’idée n’est pas tant de dénoncer une sorte de « faites ce que je dis, pas ce que je fais », que de montrer que la pensée s’accommode toujours de petits arrangements et qu’elle naît de réajustements permanents. De ce portrait, Sartre ne ressort pas toujours grandi. Mais les statues gagnent parfois à être déboulonnées – disons que moins de superbe ne nuit pas à un peu d’humanité. 

Sartre et les communistes, un amour vache

Avec le communisme et le Parti communiste français, Sartre entretient des relations compliquées. S’il veut faire du premier son horizon politique, il ne supporte pas les rigidités du second. Au début des années 1950, il se lance dans la rédaction d’une série d’articles pour sa revue Les Temps modernes, « Les communistes et la paix ». De sa plume bagarreuse, il y qualifie les anticommunistes de « rats visqueux ». Qui soupçonnerait qu’il en rajoute pour cacher qu’il craint de manquer de légitimité ? À sa maîtresse Michelle Vian, il écrit ainsi : « C’est le désespoir qui me ronge et me taraude : mon article sur les communistes est une merde, tu m’entends bien ? […]. Oui j’ai relu, le plan est absurde et au fond, je ne sais même pas ce que je veux dire. » La série d’articles paraît néanmoins entre juillet 1952 et avril 1954.

Anticolonialisme et culpabilité

« Abattre un Européen, c’est faire d’une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé » : cette phrase qui figure dans la préface au livre Les Damnés de la terre (1961) de Frantz Fanon est restée célèbre pour sa virulence inhabituelle sous la plume d’un philosophe. Ne cacherait-elle pas un brin de culpabilité ? C’est l’hypothèse de Noudelmann. Face à l’homme d’action Fanon, Sartre – bourgeois blanc un brin mondain – est impressionné. « Il a fallu faire une préface sur le colonialisme. J’ai fait ça au compte-gouttes parce qu’il fallait y mettre de la violence et que la violence verbale me dégoûte un peu », confie-t-il à Michelle Vian en 1961.

L’homme à femmes qui voulait être femme

La relation de Sartre aux femmes est de loin ce qui a été le plus commenté est scruté, notamment le couple hors norme qu’il formait avec Simone de Beauvoir. Noudelmann en propose une interprétation différente et surprenante. À son sens, le comportement de Sartre était très « hétéronormé » : sa vie amoureuse s’organisait en effet entre une compagne régulière, Beauvoir, et de multiples maîtresses, ses « amours contingentes ». C’est encore une fois dans ses écrits plus personnels que l’on peut trouver l’aveu d’un rapport plus inventif à la notion de genre : « La sensibilité des femmes actuelles est plus intéressante que la sensibilité des hommes. Les hommes ont une sensibilité découpée à grands traits, qui est faite comme ça, par la politique et un certain nombre de principes moraux. Un homme est conventionnel », déclare-t-il dans un documentaire qui lui est dédié. Si l’on retrouve la catégorisation traditionnelle entre sensibilités féminine et masculine, Sartre reconnaît une forme de « convention », de rôle joué par les hommes… à commencer par lui-même. 

Comment la vie et l’œuvre de Sartre ont influencé François Noudelmann
Expresso : les parcours interactifs
Aimer sa moitié avec le Banquet
On dit parfois que la personne aimée est « notre moitié », celui ou celle qui nous complète. L'expression pourrait trouver son origine dans le mythe des androgynes, raconté dans le Banquet de Platon ! Découvrez ce récit fascinant.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
11 min
François Noudelmann. “Sartre pense à partir de ses contradictions”
Victorine de Oliveira 09 juin 2020

C’est un Sartre tiraillé que François Noudelmann nous présente. En révolution permanente, l’auteur de L’Être et le Néant cherche inlassablement une cohérence entre sa vie et sa pensée. Car, pour lui, l’engagement est plus qu’un choix,…


Article
4 min
“L’enfer, c’est les autres” : quand Beauvoir contredit Sartre
Octave Larmagnac-Matheron 22 janvier 2022

« L’enfer c’est les autres », écrivait Jean-Paul Sartre. Une campagne récente de la Fondation Abbé Pierre, elle, corrige la citation…

“L’enfer, c’est les autres” : quand Beauvoir contredit Sartre

Article
3 min
Sartre par François Noudelmann : “Même enfermé, ma responsabilité demeure”
Victorine de Oliveira 19 mars 2020

Pour Sartre, ma liberté ne m’engage pas seulement par rapport à moi-même. Elle m’impose de me sentir responsable de la situation dans laquelle je…

Sartre par François Noudelmann : “Même enfermé, ma responsabilité demeure”

Article
11 min
Norman Ajari : “La dignité s’éprouve et se réalise dans l’histoire, c’est un effort pour le Noir”
Victorine de Oliveira 19 août 2020

La lecture de Frantz Fanon a bouleversé Norman Ajari dans sa pensée comme dans sa vie. Car l’auteur des Damnés de la Terre rappelle combien la…

Norman Ajari : “La dignité s’éprouve et se réalise dans l’histoire, c’est un effort pour le Noir”

Article
2 min
Jean-Paul Sartre commenté par François Noudelmann
Vincent Vanoli 09 juin 2020

L’extrait de Jean-Paul Sartre


Article
4 min
Norman Ajari : “Le problème du racisme est libidinal”
Cédric Enjalbert 04 juin 2020

Pour le philosophe Norman Ajari, spécialiste de Frantz Fanon, le racisme aux États-Unis est plus qu’une question de justice sociale. Il relève d…

Norman Ajari : “Le problème du racisme est libidinal”

Article
2 min
Frantz Fanon commenté par Norman Ajari
Victorine de Oliveira 19 août 2020

L’extrait de Frantz Fanon « Dussé-je encourir le ressentiment de mes frères de couleur, je dirai que le Noir n’est pas un homme. Il y a une zone de non-être, une région extraordinairement stérile et aride, une rampe essentiellement dépouillée…


Le fil
3 min
Comprendre les violences policières racistes avec Frantz Fanon
Victorine de Oliveira 25 août 2020

Dimanche 23 août, la police de la ville de Kenosha (Wisconsin) a tiré à au moins sept reprises dans le dos de Jacob Blake, un Afro-Américain âgé de 29 ans…

Comprendre les violences policières racistes avec Frantz Fanon

À Lire aussi
Une histoire de la “pensée décoloniale", épisode 3/5 : l’apport français
Une histoire de la “pensée décoloniale", épisode 3/5 : l’apport français
Par Emmanuel Levine
mars 2021
Norman Ajari : “C’est une erreur de croire que seuls les racistes parlent de race”
Norman Ajari : “C’est une erreur de croire que seuls les racistes parlent de race”
Par Pierre Terraz
mai 2021
Les philosophes et le communisme. L’idée survivra-t-elle à l’histoire ?
Les philosophes et le communisme. L’idée survivra-t-elle à l’histoire ?
février 2014
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. “Un tout autre Sartre”, de François Noudelmann
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse