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Manifestants brandissant des pancartes devant un poste de police à Minneapolis (États-Unis) le 24 août 2020. © Kerem Yucel/AFP

Analyse

Comprendre les violences policières racistes avec Frantz Fanon

Victorine de Oliveira publié le 25 août 2020 3 min

Dimanche 23 août, la police de la ville de Kenosha (Wisconsin) a tiré à au moins sept reprises dans le dos de Jacob Blake, un Afro-Américain âgé de 29 ans. Transporté à l’hôpital dans un état grave, le père de famille risque la paralysie à vie. Une vidéo prise depuis un téléphone portable montre l’homme marcher vers son véhicule tout en étant suivi de trois policiers qui le visent de leur arme. Alors qu’il ouvre la portière côté conducteur, les policiers font feu. Trois enfants de Jacob Blake se trouvaient à l’arrière de la voiture. Le contexte reste flou, mais la scène a l’allure effrayante d’une exécution sommaire. Comme une illustration supplémentaire de ce constat de Frantz Fanon, psychiatre spécialiste des mécanismes du racisme : « Dans l’inconscient collectif de l’Homo occidentalis, le nègre, ou si l’on préfère, la couleur noire, symbolise le mal, le péché, la misère, la mort, la guerre, la famine. » De quoi se sentir autorisé à l’abattre sans sommation ?

Pourquoi c’est important : Ces faits interviennent trois mois après la mort de George Floyd qui a relancé le mouvement Black Lives Matter. L’Afro-Américain de 46 ans est mort étouffé sous le genou d’un policier blanc à Minneapolis. Ses derniers mots, « I can’t breathe » [« Je ne peux pas respirer »], sont devenus le slogan de milliers de manifestants aux États-Unis et en France. Malgré leur dénonciation d’un racisme systémique, notamment au sein de la police, les faits se répètent. 

 

Dans Peau noire, masques blancs (1952), Fanon analyse la façon dont le colonialisme infériorise l’homme noir, tout en lui faisant miroiter la possibilité d’accéder au statut « supérieur » de l’homme blanc. D’origine martiniquaise, Fanon s’intéresse plus spécifiquement à la situation de la France et de ses colonies. Il repère que la négation de la dignité de l’homme noir emprunte plusieurs voies :

  • Le parler petit-nègre : « Parler petit-nègre, c’est exprimer cette idée : “Toi, reste où tu es.” »
  • L’enseignement à l’école des « origines gauloises » des petits Antillais, de façon à les identifier « à l’explorateur, au civilisateur, au Blanc qui apporte la vérité aux sauvages, une vérité toute blanche ».
  • Le refus, une fois en métropole, de reconnaître un statut égal aux Noirs : « Le nègre s’aperçoit de l’irréalité de beaucoup de propositions qu’il avait faites siennes, en référence à l’attitude subjective du Blanc. […] Pour le nègre, il y a un mythe à affronter. Un mythe solidement ancré. Le nègre l’ignore, aussi longtemps que son existence se déroule au milieu des siens ; mais au premier regard blanc, il ressent le poids de sa mélanine. »

 

Pour Fanon, le colonialisme et l’esclavagisme ont donné naissance à un racisme systémique. Les violences physiques et psychiques héritées de ces systèmes contribuent à créer un environnement où il est admis que « le Noir n’est pas un homme » et qu’on peut par exemple lui tirer dessus sans autre forme de procès. C’est la thèse reprise par le philosophe Norman Ajari, qui fait ce constat amer : « Aux États-Unis, nous sommes assis sur un échec, celui de l’intégration dans la démocratie américaine des populations noires. »

Dans les années 1960, Fanon a moins inspiré les mouvements pacifistes pour les droits civiques que ceux qui prônaient une lutte plus active, voire violente, comme les Black Panthers. Dans Les Damnés de la terre (1961), il aborde plus spécifiquement la question de la violence, qu’il légitime : « La violence avec laquelle s’est affirmée la suprématie des valeurs blanches, l’agressivité qui a imprégné la confrontation victorieuse de ces valeurs avec les modes de vie ou de pensée des colonisés font que, par un juste retour des choses, le colonisé ricane quand on évoque devant lui ces valeurs. » À Kenosha, malgré l’appel à l’apaisement de la mère de Jacob Blake, des affrontements ont lieu depuis dimanche soir entre la police et des manifestants. Ils ont déjà causé la mort de deux personnes. 

Lisez l’entretien complet du philosophe Norman Ajari consacré à Frantz Fanon.
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