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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Simon Berger/Unsplash

Un nouvel espoir

Ariane Nicolas publié le 12 janvier 2024 3 min

« “Bonne année meuf ! Alors, ta première émotion de 2024, c’était quoi ?” Voici le message envoyé par une amie le 1er janvier à 9h57. Réponse transmise aux alentours de midi, une fois les vapeurs éthyliques de la nuit dissipées : “L’espoir”. Mais avais-je bien raison d’espérer ainsi pour la nouvelle année ?

L’espoir n’a pas très bonne presse, en philosophie. Nec spe nec metu, enseigne la locution latine chérie des stoïciens : “ni espoir ni crainte”. L’espoir, capacité à se projeter positivement dans un futur pourtant incertain et potentiellement dangereux, apporterait davantage de troubles que de bienfaits. “On ne s’arrange pas du présent” quand on espère, prévient Sénèque dans sa Lettre à Lucillius, “on lance bien au loin ses pensées dans l’avenir” ; en espérant, notre “prévoyance” est en réalité “tournée en mal”. Pour bien agir, c’est-à-dire avec discernement, droiture et efficacité, il faut que notre jugement se mette au diapason du réel, sans interférence. Chose par définition impossible si l’on s’accroche à l’espoir, cette fragile bulle de possibilité qui peut éclater à la moindre occasion et créer par-là même de terribles déconvenues.

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Ce lundi 1er janvier, je n’espérais pas grand-chose, sinon que la journée se passe bien. J’ai tout fait pour, à savoir que je n’ai strictement rien fait, ce qui ne pouvait pas mal se passer. J’ai toutefois médité ces mises en garde stoïciennes, me souvenant qu’André Comte-Sponville, lors de sa masterclass organisée par Philosophie magazine fin décembre, les avait joliment commentées. Évoquant avec émotion le cas de sa mère dépressive – qui est morte suicidée –, l’auteur de La Clé des champs confiait à Martin Legros : “Ma pauvre mère était malheureuse en raison des espoirs qu’elle faisait sur la vie, et que la vie refusait obstinément de satisfaire. Ce que j’ai appris chez les philosophes, c’est que l’illusion rend malheureux. C’est face à la vérité que l’on peut se rapprocher d’une forme de joie : cela permet de prendre sa vie à pleines mains, de se battre.”

Se battre : cela pourrait être le programme de 2024. Entre les guerres en Ukraine, au Congo et à Gaza, la pauvreté qui progresse en France, le terrorisme islamiste qui menace toujours et Donald Trump qui se démène pour être réélu, les occasions de lutter – mais aussi d’espérer gagner des batailles – ne manquent pas. J’ai beau partager en théorie les préceptes stoïciens et leur éthique de la lucidité, il me semble toutefois qu’un paramètre manque. L’espoir est en effet envisagé, pour eux, sur le mode individuel : dois-je espérer, moi ? Qu’apporte l’espoir à mon bonheur personnel ? Or l’espoir, s’il est source de frustration au niveau intime, se montre souvent bénéfique pour les autres. Quand vous êtes sur un bateau qui sombre, vous pouvez vous dire que c’est fichu et avoir raison de le penser, mais vous avez le devoir de ne pas désespérer votre monde. Par politesse ou modestie, à tout le moins. Car si vous êtes incapable d’éviter le naufrage, peut-être que d’autres sauront le faire à votre place. En matière de catastrophe, un doute reste toujours permis.

Le problème n’est donc plus de savoir s’il faut garder espoir, mais comment faire semblant d’être empli d’espoir dans une époque obsédée par l’authenticité, la transparence et le discours de vérité sur soi. Il peut paraître utile, quoiqu’acrobatique, d’assumer une ligne ambivalente où l’on fait œuvre d’espoir autour de soi avec des paroles galvanisantes, tout en étant convaincu en son for intérieur que la situation est irrémédiable. C’est un des sens, légèrement remanié, que l’on peut donner à l’idée stoïcienne de “citadelle intérieure” : une forteresse sans fioritures au-dedans, mais sertie de mille parures au-dehors… prête à accueillir amis et ennemis avec l’élégance du désespoir. »

P.-S. N’oubliez pas de vous inscrire à notre prochaine masterclass qui se tiendra mercredi 24 janvier ! Nous aurons le plaisir de recevoir la sociologue et philosophe Eva Illouz, qui parlera d’amour, de bonheur et d’émotions en politique.

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