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Les réalisatrices Mia Hansen-Løve, Alice Diop et Patricia Mazuy. © Joshua Sammer/Getty/AFP–Andreas Rentz/Getty/AFP–Rosdiana Ciaravolo/Getty/AFP

Silence, elles tournent !

Ariane Nicolas publié le 24 février 2023 3 min

Zéro. Tel est le nombre de femmes nommées dans la catégorie « meilleure réalisation » aux César 2023, dont la cérémonie se déroule ce soir. À croire que l’an passé, le cinéma français s’est fait sans les femmes. Une absence au palmarès d’autant plus absurde qu’il y avait pourtant du monde au portillon : Alice Diop, Mia Hansen-Løve, Patricia Mazuy, Valeria Bruni-Tedeschi, Alice Winocour, Rebecca Zlotowski… Quelles leçons tirer de cette snoberie généralisée ?

 

« En 48 ans d’existence, les César n’ont récompensé qu’une femme réalisatrice : Toni Marshall, en 2000, pour Vénus Beauté (Institut). Il s’en est pourtant passé des choses en vingt-trois ans, derrière la caméra ! Depuis une quinzaine d’années, le cinéma français connaît une sorte de seconde Nouvelle Vague, celle de réalisatrices qui explorent de nouvelles thématiques à travers une esthétique elle-même renouvelée – sans compter les cinéastes qui, plus capées comme Claire Denis ou Patricia Mazuy, trouvent enfin la reconnaissance qu’elles méritent. Les personnages féminins se complexifient, les histoires changent de focale, le regard porté sur les héroïnes n’est plus réifiant mais rend compte de leur expérience singulière, tantôt avec profondeur (Céline Sciamma), étrangeté (Julia Ducournau) ou fantaisie (Justine Triet, Sophie Letourneur).

La cérémonie de ce soir constitue un cas d’école, pour qui s’intéresse aux inégalités femmes-hommes. Même lorsque les films réalisés par des femmes obtiennent une reconnaissance internationale (Saint Omer d’Alice Diop, Lion d’argent à Venise), un solide résultat en salles (Revoir Paris d’Alice Winocour, 530 000 entrées) ou un beau succès critique (Rien à foutre, co-réalisé par Julie Lecoustre), leur mise en scène passe comme inaperçue. Comment ne pas le regretter ? Si ces films sont réussis, captivants, intéressants, s’ils nous parlent et nous touchent, c’est aussi grâce aux choix de mise en scène faits par leurs autrices : jeux de regard désarçonnants dans Saint Omer, ambiances nocturnes poignantes dans Revoir Paris, énergie désespérée dans Rien à foutre… Si l’on s’en tient aux nominations, l’Académie n’a pas voulu témoigner du fait que ces choix opérés par des femmes étaient remarquables.

J’ai longtemps refusé l’idée qu’il existait un “cinéma au féminin”, par peur d’essentialiser les femmes et de reléguer leurs œuvres à un sous-genre du septième art. Je me tiens en partie à cette position : toutes les femmes ne filment pas de la même façon et certaines, comme l’Américaine Kathryn Bigelow, excellent même dans les superproductions hollywoodiennes “à gros bras”. Mais je constate aussi que pour une partie de la profession, l’idée que l’on se fait du talent d’un cinéaste correspond à des standards que la plupart des femmes réalisatrices n’adoptent pas spontanément. Pour qu’une réalisation soit jugée maîtrisée, il faut que les effets de mise en scène se voient, que l’on puisse facilement qualifier les artifices : un plan séquence virtuose, un montage au cordeau, un monologue épatant, etc. Voilà pourquoi on nomme Cédric Jimenez pour Novembre, film qui peine pourtant à raconter une histoire avec clarté, plutôt que Mia Hansen-Løve pour son splendide Un beau matin, dont la mise en scène délicate, fluide, lumineuse, s’efface discrètement derrière l’histoire bouleversante qu’elle raconte.

“Oui, je veux bien me dire phobique de la maîtrise”, assure Barbara Cassin dans Homme, femme, philosophie (Fayard, 2019), une conversation épistolaire avec Alain Badiou où elle tente de déconstruire les attendus de l’universel en philosophie : vérité unique, raideur de l’assertion, autorité du style, idéaux supposément communs. Pour partager une telle ambition, nul besoin d’être née femme. Cela suppose en revanche d’inventer un langage et un point de vue résistant aux conventions, et de prendre parfois le risque de passer inaperçue. Mais il se peut qu’en matière de cinéma comme en philosophie, la plus grande maîtrise soit celle qui ne se montre, ni ne se voit. »

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