Intraduisible

Sarha

Octave Larmagnac-Matheron publié le 1 min

Vadrouiller, flâner, se promener… Difficile de traduire exactement le mot sarha, employé en arabe palestinien. « Dans sa forme verbale, le mot signifie amener le bétail au pâturage de bonne heure, le laisser vagabonder et paître librement », note l’écrivain Raja Shehadeh dans Naguère en Palestine (2010), où il raconte sept de ces déambulations aléatoires. « Partir en sarha, c’est vaguer librement, au gré des envies, sans contrainte », un peu comme la bête qui, au champ, n’est guidée que par des besoins immédiats et avance sans objectif prédéterminé… À ceci près que l’homme en sarha est aiguillonné par des besoins spirituels plus que corporels : il « va où son esprit le guide pour nourrir son âme », sans assurance toutefois de trouver ce qu’il cherche. La sarha « implique de lâcher prise » et d’improviser à chaque instant la suite de l’itinéraire indéterminé. Le promeneur qui s’abandonne ainsi à l’errance fait l’expérience d’une douceur singulière, subtile et grisante : « C’est une défonce sans drogue », résume Shehadeh. Cette invitation à marcher pour le simple plaisir de marcher rompt avec les rythmes effrénés, les logiques de déplacement et le primat de l’utilité chers à nos sociétés contemporaines : là, l’objectif à atteindre compte moins que le trajet qui y mène.

Expresso : les parcours interactifs
Pourquoi lui, pourquoi elle ?
Comment expliquer nos choix amoureux ? Faut-il se fier au proverbe « qui se ressemble, s'assemble », ou doit-on estimer à l'inverse que « les opposés s'attirent » ? La sociologie de Bourdieu et la philosophie de Jankélévitch nous éclairent.
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