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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Série : les étudiants face à la pandémie

Sacha Oberti, 20 ans, en L2 de philosophie : “La plupart des écrans sont aujourd’hui des écrans noirs”

Sacha Oberti, propos recueillis par Anne Robin publié le 10 février 2021 3 min

Isolement, ennui, manque d’accompagnement, détresse psychologique, difficultés économiques… Les étudiants ont été frappés de plein fouet par la crise sanitaire. Nous avons décidé de leur donner la parole pour faire entendre leurs souffrances, mais aussi leurs espérances et leurs conseils philosophiques pour affronter la pandémie.

Aujourd’hui, Sacha Oberti, 20 ans, étudiant en L2 de philosophie à l’université de Nantes. Confronté à l’isolement alors même qu’il voit la philosophie comme une discussion « corps à corps » d’arguments et de positions, il s’est mis à fréquenter des écrivains et des penseurs comme Cioran, Dostoïevski ou Nietzsche, qui l’ont aidé tantôt pour nommer le mal-être qui est le sien, tantôt pour « ne pas sombrer et remonter à la surface ».

Le témoignage de Sacha Oberti :

« Je suis étudiant en L2 de philosophie à l’université de Nantes. Même si je vis cette période particulière dans des conditions privilégiées, dans un grand espace avec ma famille, en réalité, ce n’est facile pour personne. Le plus dur, c’est évidemment de suivre tous les cours à distance, c’est une épreuve et une immense perte. On ne communique plus qu’à travers les mots et les expressions de nos visages sur les écrans. Or la plupart des écrans sont aujourd’hui des écrans noirs. Car c’est épuisant de donner le change en permanence. Et l’on perçoit que c’est terrible pour les enseignants, qui se retrouvent à dicter littéralement leurs cours.  

À la faculté de Nantes, on nous a appris que la philosophie n’est pas une discipline solitaire, qu’elle est indissociable d’une interrogation partagée. L’histoire de la philosophie elle-même est une suite ininterrompue de débats qui sont des corps-à-corps où les penseurs engagent leur mode de vie autant que leurs arguments. Avant le confinement, nous organisions des soirées dans cet esprit, pendant lesquelles nous lisions les textes autour d’une bière. Et ces moments n’étaient pas moins formateurs que le travail de lecture solitaire. Car c’est quand on s’approprie un argument dans une conversation qu’on l’intègre définitivement. C’est cette dimension d’échange qui me manque le plus. 

Cela dit, j’ai essayé pour ma part d’en tirer mon parti. Je me suis mis à fréquenter des auteurs avec un certain sentiment d’urgence et de nécessité. À défaut de pouvoir conserver des rapports charnels avec les amis, on entretient des rapports livresques plus intenses avec les auteurs. J’ai ainsi appris à lire Cioran, qui m’a apporté une forme de compréhension dans ces moments de solitude. Alors même qu’il est mort, il agit comme un proche qui met des mots sur des sentiments qui peuvent parfois déborder en nous. Au premier confinement, c’est Dostoïevski qui m’a ainsi accompagné, avec son exploration tragique des limites de l’homme. Ces deux auteurs touchent à une forme de misère qui gît en chacun de nous, en introduisant une sorte de correctif grâce à l’impression qu’ils font naître en nous – celle de comprendre des choses très intimes qui se jouent en nous-mêmes. Et cela correspond tout à fait à l’état d’esprit troublé dans lequel on est plongé quand on est seul à travailler pendant plusieurs semestres. Il y a une sorte de retranchement dans une bulle, dans le « sous-sol » de l’homme pour parler comme Dostoïevski. Le philosophe qui m’accompagne aujourd’hui, c’est Nietzsche – qui est celui par lequel je suis entré en philosophie, en réalité. Même s’il est habité par des postulats aristocratiques parfois scandaleux, et même s’il me donne l’impression, dans sa haine contre le christianisme, de reconduire à son tour un message religieux, je trouve dans sa vision esthétisante de l’individu qui doit façonner sa vie comme une œuvre d’art un appel très fort. L’idée d’un esprit libre, créateur, fort, c’est ressourçant et réconfortant par les temps qui courent. Bref, ces penseurs m’accompagnent dans la diversité des états d’esprit auxquels nous soumet cette crise : tantôt en nommant le mal-être qui est le mien, tantôt en me revigorant pour ne pas sombrer ou remonter à la surface. »

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