Range ton jardin !
Selon l’écrivain Jean-Pierre Le Dantec, l’art du jardin n’est pas qu’une mise en ordre des profusions luxuriantes de la nature. À l’occasion d’une rencontre au jardin des Tuileries, il nous montre comment l’ordre et le désordre s’imbriquent dans les taillis.
Rendez-vous était pris avec Jean-Pierre Le Dantec dans un jardin « ordonné », au cœur de Paris. Romancier, cet historien de l’architecture et du paysagisme est aussi l’auteur d’une passionnante Poétique des jardins (Actes Sud, 2011). Mais, au moment de se retrouver, la vue des Tuileries est encombrée par les travaux et les palissades masquant le carrousel au centre d’une travée qui file du Louvre jusqu’à l’Arche de La Défense. Dans le labyrinthe, où nous étions convenus de réaliser son portrait, les bosquets bien alignés de loin paraissaient de près plutôt troués et les allées rectilignes finalement assez boueuses. Ces formes sauvages et régulières intéressent Jean-Pierre Le Dantec, qui montre comment l’ordre et le désordre s’expriment dans les jardins au cours de l’histoire, notamment dans son anthologie Jardins et Paysages (Éd. de La Villette, 2020). Avec cet esprit philosophe qui ne l’a jamais quitté, étant devenu ingénieur, cet ancien directeur de l’école d’architecture de Paris-La Villette nous guide des Tuileries aux Buttes-Chaumont, en passant par le jardin du Luxembourg.
Une règle d’or
« Les Tuileries aujourd’hui, c’est un jardin de style régulier typique de la manière baroque, avec son grand axe central qui l’ordonne, tellement puissant qu’il a structuré tout le développement de Paris vers l’ouest. Autour de cet axe principal se déploient des parterres, composés eux-mêmes de façon régulière, avec des bordures de buis bas dessinant un entrelacs de “broderies”. Ce jardin, redessiné par Le Nôtre au XVIIe siècle, répond à des règles de géométrie, exprimant à la fois un ordre esthétique, politique et religieux. » Pourtant, cet ordre ne masque-t-il pas un désordre sous-jacent ? Car, à la différence de la sculpture ou de l’architecture, l’œuvre du « jardiniste » – que Jean-Pierre Le Dantec préfère à « jardinier » pour parler du jardin comme œuvre d’art – est constituée non pas de pierre ou de verre mais d’un matériau vivant. « Le jardin n’est pas une œuvre aere perennius, comme le bâtiment d’un architecte. Il n’est jamais fini et demeure en perpétuel mouvement. En outre, quand on visite vraiment un jardin ordonné comme celui de Versailles, et notamment certains de ses bosquets, on s’aperçoit qu’il y a là une variété infinie. Le bosquet de la danse, par exemple, dont l’accès est compliqué par une sorte de labyrinthe, que l’on découvre progressivement avec des surprises, se présente comme un espace à peu près circulaire avec des gradins sur lesquels il peut y avoir de l’eau. De façon extraordinaire, des coquillages attachés avec des fils de fer bruissent dans l’onde. Ce baroque-là n’est donc pas rectiligne ! Derrière l’austérité stricte apparaît une complexité incroyable. »
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