Qui voudrait renoncer au reste de la vie ?
Le recul de l’âge de la retraite pose un problème de justice sociale, l’espérance de vie étant inégalement répartie, mais il vient aussi remettre en question la possibilité de rejouer ce que l’on est, après le travail et hors de lui.
« Ce n’est pas parce qu’on a un pied dans la tombe qu’il faut se laisser marcher sur l’autre » : cet aphorisme de l’écrivain François Mauriac pourrait servir de slogan aux actifs qui ne manqueront pas de s’opposer à la réforme des retraites dans les semaines qui viennent. Outre la suppression de plusieurs régimes spéciaux et les incertitudes qui planent sur l’effectivité de la prise en compte de la pénibilité de certaines professions, le point névralgique de la réforme est l’allongement de la durée du travail, l’âge de la retraite devant être progressivement porté à 64 ou 65 ans pour ceux qui sont nés après 1969.
Du point de vue social, cet allongement de la durée de la vie active pose un problème d’injustice entre les classes. D’après les chiffres de l’Insee, plus on est aisé, plus l’espérance de vie est élevée. Celle-ci est de 84,4 ans chez les 5 % les plus riches, contre 71,7 ans chez les 5 % les plus modestes – soit un écart de 13 années. Ces chiffres recoupent le fossé entre les ouvriers et les cadres, ces derniers vivant en moyenne 6,3 ans de plus. Ainsi, la réforme donne la possibilité de se reposer ou de profiter de la somme de tous les efforts accomplis au cours d’une vie… principalement à ceux qui ont le moins souffert de conditions précaires ou de la dureté du travail !
Pierre-Henri Tavoillot enseigne à l’université et collabore à Philosophie magazine. Il a conseillé Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’État aux Solidarités et à la Cohésion sociale, sur un chantier de la dépendance.
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