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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Jean Baudrillard à son domicile en 2002. © Hannah Assouline/Opale/Leemage

L’entretien

Jean Baudrillard. « L’antidote au mondial est du côté du singulier »

Jean-François Paillard publié le 26 mars 2008 13 min

Jean Baudrillard a stigmatisé la société de consommation avant d’élargir son champ de réflexion à l’essor du virtuel. Cet entretien fait entendre la voix d’un intellectuel décédé il y a un an, le 6 mars 2007. Cet iconoclaste a pensé l’emballement qui conduit, selon lui, le capitalisme au bord d’une « Quatrième Guerre mondiale ».

Il y a un peu plus d’un an, le 6 mars 2007, s’éteignait à 77 ans  Jean Baudrillard. Cet entretien inédit s’est déroulé, en août 2003, à son domicile parisien. Il peut se lire comme une introduction à sa pensée. Célébré sur les campus américains, considéré comme l’un des intellectuels français les plus influents à l’étranger au même titre que Jacques Derrida, il était connu du public français pour ses interventions oraculaires dans la presse. Certains de ses articles, comme « La Guerre du Golfe n’aura pas lieu » (Libération, 4 janvier 1991) ou « L’esprit du terrorisme » (Le Monde, 2 novembre 2001), au lendemain des attentats du World Trade Center, lui ont valu des hostilités toujours vives.

Une autre originalité de ce philosophe est d’avoir construit successivement deux œuvres, aux styles et aux ambitions théoriques différentes. Après Mai 68 et durant les années 1970, en sociologue, il s’est fait remarquer comme l’un des meilleurs analystes de la consommation de masse, avec entre autres la parution du désormais classique La Société de consommation. Puis il s’est lancé, durant les années 1980 et jusqu’à sa mort, dans une entreprise philosophique d’une portée plus générale, en s’interrogeant sur la supplantation progressive de la réalité par le virtuel. Manipulations génétiques, essor des technologies et des réseaux, images de synthèse, langage numérique, prolifération des artefacts et des simulacres jalonnent, selon lui, la course à l’abîme du monde contemporain.

Aujourd’hui, rares sont les lecteurs qui apprécient toutes ses -facettes, l’ambassadeur de la French Theory et le commentateur de l’actualité, le sémiologue et l’imprécateur ou le philosophe par aphorismes. Mais peut-être est-il temps d’insister sur les continuités de sa réflexion plutôt que sur ses métamorphoses et ses excès. 

 

Comment devient-on un grand intellectuel français ?
Jean Baudrillard  : Mon parcours est atypique. De grands-parents paysans ardennais et de parents employés montés à la ville, je suis de cette génération issue de la classe moyenne qui a pu entreprendre sans trop de difficulté des études dans les années 1950. J’ai pourtant vite renoncé à une carrière professorale prestigieuse. Longtemps professeur en lycée, je n’ai jamais eu en poche que le Capes. Je n’ai pas fait l’École normale supérieure, qui était à l’époque le passage obligé pour les carrières universitaires. Je n’ai pas non plus passé de thèse de doctorat d’État, de même que je n’ai jamais accédé au statut de professeur d’université, malgré vingt ans passés à enseigner la sociologie à Nanterre sur l’invitation d’Henri Lefebvre. Mon premier ouvrage théorique paraît d’ailleurs tardivement puisque Le Système des objets est édité en 1968, alors que j’ai déjà 39 ans. Il est vrai que j’ai longtemps été plus préoccupé d’action politique que d’écriture…

 

Avec votre premier ouvrage, s’esquisse une critique radicale de la société de consommation…
Plutôt une analyse de l’objet de consommation qu’une critique du système dans son ensemble. Elle viendra quelques années plus tard avec La Société de consommation, qui paraît en 1970. L’idée de départ était de montrer en quoi les objets relevaient à la fois d’une pratique sociale et d’une mythologie, l’acte d’achat étant à la fois quelque chose de profondément matériel et de hautement symbolique. En fait, il y a eu dès le début une sorte de malentendu. Mon livre parlait presque exclusivement de l’objet manufacturé. Il explorait sa dimension à la fois physique et métaphysique. Aborder ses deux facettes était un moyen pour moi d’engager le dialogue avec le marxisme et la psychanalyse, qui occupaient l’essentiel du champ intellectuel de l’époque. Or, de cette analyse, on n’a immédiatement retenu que la fameuse critique de la société de consommation…

 

Et pour cause. Dès Le Système des objets, vous écrivez : « Dans l’ordre actuel, les objets n’ont pas pour destination d’être possédés mais seulement d’être achetés. » Vous tâchez de fixer « les droits et les devoirs du consommateur ». Vous évoquez « l’effet Père Noël de la publicité »…
Depuis trente ans, dès qu’un pays accède à la consommation de masse, il s’empare du Système des objets et de La Société de consommation, et les traduit dans sa langue. La publication de ces deux ouvrages n’a donc jamais cessé. Reste que, pour moi, ces bouquins font partie d’une vie antérieure, que mon travail a pris une autre orientation... Le concept de « société de consommation », tout comme celui de « société du spectacle », forgé par Guy Debord en 1967, sont complètement entrés dans les mœurs. Ils se sont même tellement popularisés qu’ils sont devenus des tartes à la crème – on les retrouve même dans le discours politique, c’est dire…

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