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Bouquet de violettes, 1872 (huile sur toile) par Edouard Manet.  Collection privée © Bridgeman Images

Question d’étiquette

Victorine de Oliveira publié le 15 février 2023 3 min

“Je te dois rien” Un message qui n’augure rien de formidable… mais qui permet à Victorine de Oliveira de se demander, dans son billet du jour, comment qualifier nos relations sentimentales.


« “On n’est pas en couple, toi et moi, je te dois rien.” Ah. Jusqu’à la première virgule, je suis plutôt d’accord. On ne s’est vus qu’une poignée de fois, tombés l’un sur l’autre plus ou moins par hasard, jusqu’à ce que ledit hasard nous mène au lendemain matin devant un café et trop peu de sommeil. Dans le panel des différentes étiquettes qui fleurissent pour décrire les relations sentimentales, je ne sais même pas laquelle convient. “Plan cul” ? Non, pas vraiment, manquent les dimensions pratiques et efficaces du rendez-vous fixé, de la chose consommée vite fait bien fait, merci, au revoir. “Plan cul régulier” (PQR en abrégé) ? Encore moins. “Sex friend” ou “friend with benefits” ? Nous avons des amis en commun, mais cela fait-il de nous des amis ? Ce serait trop simple. Passé la virgule en revanche, je tique.

“Je te dois rien.” C’est rarement une bonne idée de se lancer dans un cours de déontologie kantienne par message, mais j’avoue que ce jour-là, ça démangeait fort. À bien considérer la biographie de Kant, pas sûre toutefois que ce soit la meilleure référence à mobiliser. On ne connaît pas même une petite aventure au philosophe de Königsberg, sans parler de mariage. Apparemment, il n’aimait rien tant que déjeuner en compagnie exclusivement masculine, travailler, et se coucher tôt – après son immuable promenade, évidemment. Pas lui qui m’aidera à choisir une étiquette et à ajuster mon comportement, voire mes sentiments, en fonction.

Puisqu’on parle d’étiquette, il faut peut-être remonter encore un peu en arrière pour aborder les devoirs envers autrui de façon moins rigide et plus… galante. Dans un essai aussi surprenant que passionnant, la professeure de lettres Jennifer Tamas propose de revenir à un corpus de textes de l’Ancien Régime plutôt négligé par la pensée féministe. Au NON des femmes (Seuil, 2023) convoque Marguerite de Navarre, Christine de Pizan, Madame de Sévigné ou encore les contes traditionnels comme Le Petit Chaperon rouge ou La Belle au Bois dormant (avant même que Perrault, sans parler de Disney, n’aient arrangé le folklore à leur sauce) afin de mettre en évidence une résistance féminine à la violence patriarcale. Loin d’être les “Précieuses ridicules” caricaturées par Molière, ces écrivaines ont mis en scène un refus, celui de se plier à ce qu’il est attendu d’une femme dans la société d’Ancien Régime : se marier, écarter les jambes autant de fois qu’il plaira à son mari, enfanter, et se taire.

Dans ce contexte, la galanterie prend une autre tournure, selon Jennifer Tamas. Si elle apparaît actuellement presque insupportable car infantilisante, voire condescendante, elle prend sa source à une époque où “les rapports humains étaient régis non par les tendres manières, mais par une violence dont on ne peut même pas avoir idée aujourd’hui” – viols même pas recensés car monnaie courante, duels à répétition, guerres de religion… Il s’agit ni plus ni moins que de mettre des formes là où règne le chaos. Ne serait-ce pas ce genre de formes que l’on se doit l’un à l’autre, surtout lorsque les étiquettes sont floues ? De la politesse, certes, mais avec un petit supplément d’égards qui signale que “tu existes”. Hormis tout cela, oui, on ne se doit rien.»

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