Le classique revisité

Quand seras-tu donc enfin toi-même ?

Vincent Delecroix publié le 4 min

C’est-à-dire non pas seulement ce que tu dois être, mais ce que tu es, ton être vrai, ce qu’à la fois tu es et n’es pas encore.

D’une certaine manière, cette question, qui est simultanément une injonction, est celle que pose Kierkegaard dans toute son œuvre et qui la motive dans sa complexité technique et formelle. Pour lui, elle a deux sources et deux enjeux essentiels : c’est une question philosophique, plus précisément socratique, et c’est une question religieuse. « Socratiquement », elle indique que l’injonction du fameux « Connais-toi toi-même » n’ouvre pas, ou pas seulement, à une connaissance théorique (de la subjectivité, de la connaissance, de l’éthique), mais relève d’un enjeu décisif et proprement existentiel : le souci d’être soi qu’on peut assimiler à la vie selon le Bien et la nécessité pour l’individu de se sortir d’un état de quasi-inexistence. Religieusement, une telle question interprète cet état initial du moi – un moi pris dans la non-vérité – comme péché. La philosophie de Kierkegaard se situe donc à l’exact point de conjonction de ces deux lignes, philosophique et religieuse : si la tâche de l’existence – ou plutôt l’existence comme tâche – est d’être soi, réellement, il faut savoir justement ce qu’est l’existence et ce que c’est que d’être (un) soi, ce que c’est que de le devenir.

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