Vincent Stanek : “La volonté schopenhauerienne n’est pas déterminée par le principe de raison”
Pour Vincent Stanek, qui a consacré plusieurs ouvrages à l’auteur du Monde comme volonté et comme représentation, Schopenhauer propose une solution à l’énigme du réel avec le concept de volonté. Il explique ici ce que recouvre cette notion.
« Dans Le Monde comme volonté et comme représentation, Schopenhauer tient ensemble deux points de vue : celui du métaphysicien et celui du naturaliste. Il présente son ouvrage comme une entreprise qui vise à établir la connaissance d’un objet métaphysique nouveau : la volonté. Pour ce faire, il inscrit sa démarche dans le prolongement de la philosophie kantienne. Il consacre d’ailleurs un appendice très précis à Kant. On peut même dire qu’il a été l’un des premiers exégètes kantiens, puisqu’il a, par exemple, étudié de très près les différentes éditions de la Critique de la raison pure.
Pour Schopenhauer, l’acquis fondamental hérité de Kant, c’est la distinction entre phénomène et chose en soi. Le phénomène est ce qui nous apparaît, ce que nos sens peuvent percevoir, quand la chose en soi correspond à une dimension de la réalité que Kant affirme inconnaissable. Or Schopenhauer prétend, lui, apporter une solution à l’énigme de la chose en soi avec le concept de volonté. La volonté, c’est la chose en soi, par-delà les phénomènes.
Au-delà de cet héritage kantien, l’une des caractéristiques de la métaphysique de Schopenhauer est de vouloir s’ancrer dans un point de vue subjectif – l’expérience de la volonté. Mais cette volonté n’est pas seulement une donnée du sens interne, elle est aussi un principe explicatif de l’intégralité du monde. La métaphysique de Schopenhauer prend donc sa source dans l’expérience de la volonté et prétend décrire l’intégralité des phénomènes en expliquant leur substrat métaphysique : la volonté. En même temps qu’il la propose comme solution à l’énigme de la chose en soi, comme pouvant être assimilée à la chose en soi, il en retravaille profondément le concept. Ce qu’il appelle “volonté” n’a pas grand-chose à voir avec ce que la tradition classique entend par le même terme, soit une faculté étroitement liée à l’intelligence, qui présente à la volonté les motifs permettant de prendre une décision en toute conscience. La volonté schopenhauerienne ne relève pas d’une logique d’une telle description de la motivation, où j’ai des raisons d’agir, dont j’ai conscience et qui motivent mon action. Schopenhauer assimile la conception classique de la volonté à l’une des formes du principe de raison, appliqué à la psychologie.
Le monde est gouverné par la volonté, que nous expérimentons en nous, même si elle nous dépasse. Pour la canaliser, Schopenhauer a élaboré une…
Nous reproduisons des extraits du Monde comme volonté et comme représentation d’Arthur Schopenhauer traduits par Auguste Burdeau.
Pour Arthur Schopenhauer, la course au bonheur amoureux est un leurre. Dans Métaphysique de l’amour, il démontre que ce qui pousse à l’union des cœurs et des corps n’est que le « vouloir-vivre ».
Drôle d’objet que ce Monde comme volonté et comme représentation qui, à sa parution, ne rencontre que l’indifférence générale. Deux siècles plus tard, le voilà pourtant devenu un ouvrage culte pour métaphysiciens exaltés et poètes…
« Le Monde comme volonté et comme représentation » est le chef-d’œuvre de Schopenhauer. Après la première édition de 1818, il en fait paraître une seconde en 1844 (avec un deuxième tome constitué d’importants suppléments aux quatre…
Qu’est-ce qu’une action bonne ? C’est la question que se pose Emmanuel Kant. Cependant, ce qui l’intéresse réellement, c’est moins l’action…
Le philosophe et critique d’art américain Arthur Coleman Danto est mort le vendredi 25 octobre 2013, à 89 ans. Figure de la critique philosophique…
Mais comment avoir de la volonté si cela ne me vient pas tout seul ? Avoir de la volonté, est-ce une question de volonté ? Simon Laurier, lycéen.