Quand l’Irlande fait entrer la nature dans la constitution. Entretien avec Michael Cronin, spécialiste de la culture irlandaise
Constitutionnaliser la protection de la nature : c’est l’idée que doit étudier prochainement le Parlement irlandais, et qui pourrait déboucher sur un référendum accordant aux écosystèmes des droits similaires à ceux de l’être humain. Une première en Europe.
Effet d’annonce ? vœu pieux ? ou premier pas vers une révolution environnementale ? Éclairage avec l’universitaire Michael Anthony Cronin, auteur de Irish and Ecology / An Ghaeilge agus an Éiceolaíocht (2019).
Pensez-vous que constitutionnaliser la protection de la nature, comme cela a été récemment proposé en Irlande, soit une approche pertinente pour l’écologie ?
Michael Cronin : C’est, je crois, une possibilité intéressante. Pour deux raisons. D’abord, c’est une proposition qui soulève le débat. Dès qu’on parle de protection juridique de la nature, cela entraîne une discussion autour du statut du non-humain et de sa relation à l’humain. Deuxième aspect : l’approche légale amène les gens à se poser la question des implications réelles (sur l’occupation des sols, par exemple) qui découleraient de la reconnaissance d’un statut juridique aux non-humains. On n’est pas dans l’abstraction mais dans la concrétude. L’inscription juridique interroge la manière dont le non-humain peut s’intégrer dans la vie des individus. C’est à mon avis très important. Les Irlandais sont, sur le principe, très ouverts à la question écologique. Le Parlement a décrété l’état d’urgence climatique. Bref, le pays est très fort au niveau de la parole, de la rhétorique. En revanche, quand on regarde les effets réels des politiques gouvernementales, des réformes agricoles par exemple, les performances sont nettement moins saillantes. Il faut une révolution anthropologique dans la façon de se comporter, dans les modes de vie, dans la priorisation de telle ou telle activité par rapport à telle autre. Et je pense que le droit peut contribuer à cela.
“Si l’on donne un statut juridique à une forêt ou une rivière, il faut que ces entités aient droit à la parole. Il faut donc entamer un processus de traduction à travers cette altérité radicale, pour que leur ‘voix’ soit prise en compte”
Vous avez développé la notion d’“écotraduction”. La protection juridique de la nature est-elle une manière de traduire sa voix dans le langage humain du droit ?
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