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Nymphe des forêts, dans In Fairy Land A Series Of Pictures From The Elf-World (1870), publiée par Longmans and Co. © Public Domain/British Library/Rawpixel.

Imaginaire

Pourquoi avons-nous besoin du merveilleux ?

Clara Degiovanni publié le 13 décembre 2023 10 min

Dans un monde cynique et désenchanté, le merveilleux peut sembler mièvre et superflu. Pourtant, les forêts oniriques et enneigées, peuplées de lutins, de sorcières et de princesses, obéissent à des besoins humains profonds : être rassuré, douter, exprimer ses désirs ou se relier aux autres. Bergson, mais aussi Beauvoir et Todorov nous ouvrent les lourdes portes (parfois cruelles) des contes de fées.


 

Il fut un temps ou le merveilleux était partout. Avant d’être appelé « miracle », il était inclus dans une vision animiste du monde. Les cimes de la montagne, les animaux, l’orage qui gronde étaient dotés d’un pouvoir extraordinaire, à la fois esthétiquement satisfaisant et étonnement réconfortant. Ce besoin de merveilleux, qui poussait les hommes à donner un prénom aux arbres de la forêt et à supplier la divinité de la pluie, Henri Bergson l’a appelé « fonction fabulatrice ». Une telle faculté inhérente à tous les hommes s’explique par « le désir d’agir sur n’importe quoi, même sur ce qu’on ne peut atteindre », analyse le philosophe dans Les Deux Sources de la morale et de la religion (1932). Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le besoin de merveilleux n’est donc pas l’apanage des rêveurs, contemplatifs et passifs. La fonction fabulatrice vise au contraire à donner aux hommes ce qu’il faut de courage pour agir dans un monde hostile, et quand l’individu se retrouve faible et désarmé. « À défaut de puissance, nous avons besoin de confiance », explique Bergson.

Fictions protectrices

Si le merveilleux est un besoin, c’est aussi parce qu’il rassure en donnant un visage humain au monde naturel, y compris dans ce qu’il a de plus étrange et de plus inquiétant. Le besoin du merveilleux est mû par « l’idée que les choses sont chargées, ou se laissent charger, de ce que nous appellerions un fluide humain », propose Bergson. Dans les premiers temps de l’humanité, les blés, les plantes, le feu étaient dotés d’intention. De même, le monde apparemment absurde d’Alice au Pays des merveilles de Lewis Caroll est peuplé d’animaux qui parlent ou sourient. Le merveilleux, plein de féerie et d’audace, s’oppose en ce sens à l’intelligence calculatrice, rationnelle, qui nous pousse à anticiper, prévoir dans les moindres détails, les conséquences de nos actions ou les catastrophes à venir.

À rebours de cette tendance anxieuse, Bergson estime que « la fonction fabulatrice » apparaît comme un antidote pour nous donner « quelque chose à espérer ». Elle est une puissance réconfortante, qui nous permet de combattre les forces « desséchantes » et « déprimantes » de notre esprit rationnel. Lorsque les personnages des contes sont perdus et qu’il n’y a plus d’espoir, le monde merveilleux leur offre des solutions créatives et poétiques inattendues. Dans le folklore des frères Grimm par exemple, ce sont des cygnes magiques qui permettent à Hansel et Gretel de traverser le lac pour fuir la maison de la sorcière anthropophage.

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