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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Photo d'illustration © Da Nina/unsplash

Pierre Palmade, un obscur désastre

Martin Legros publié le 13 février 2023 4 min

Martin Legros habite à proximité des lieux de l'accident impliquant l’humoriste Pierre Palmade, qui a causé la mort d'un enfant à naître et trois blessés graves vendredi dernier. Dans son billet du jour, il explique pourquoi, au non-sens de cette tragédie, s'ajoute une incroyable sidération.


« Je ne sais pas trop ce qui m’a conduit à aller voir ce matin, au bout de la départementale 372 qui coupe la voie menant à mon domicile, s’il y avait encore trace de l’effroyable drame survenu ce week-end. Sans doute le sentiment étrange, presque nauséeux, que cela n’aurait pas dû avoir lieu, que cette mère enceinte de 7 mois, cet enfant de 6 ans et son père, cet octogénaire même légèrement blessé, aucun n’aurait dû croiser la trajectoire de Pierre Palmade. Que tout cela aurait dû ne pas avoir lieu. Mais y a-t-il un nom pour ce qui ne devrait pas avoir lieu ?

À part quelques plots coniques en PVC orange à bandes réfléchissantes, du sable absorbant et quelques traces de pneu sur le bas-côté en terre qui longe cette route de campagne entre Dammarie-les-Lys et Villiers-en-Bière, rien ne permet plus de deviner que c’est ici, vendredi dernier, que le véhicule de l’acteur et humoriste Pierre Palmade s’est encastré, à vive allure, dans une voiture qui venait en sens inverse. À bord, une femme enceinte de 7 mois, son beau-frère au volant, et, à l’arrière, le fils de 6 ans de ce dernier – tous très grièvement blessés. Un octogénaire à bord d’une troisième voiture venue les percuter dans un second temps s’en sortait mieux. Selon un témoin, peu après l’accident, la femme, encore prise dans l’habitacle, hurlait : “Où est mon enfant ?”, alors qu’elle venait de perdre le bébé à naître… Trois jours après le drame, elle et le garçon sont encore dans le coma, le conducteur, un maçon d’une quarantaine d’années, a été opéré cinq fois. Pierre Palmade, lui, se trouve en réanimation, mais sa vie n’est plus menacée. Il va être poursuivi pour “homicide et blessures involontaires par conducteur sous l’effet de produits stupéfiants” – il a été contrôlé positif à la cocaïne et à des médicaments de substitution au moment des faits. Il aurait été accompagné de deux individus qui ont disparu après l’accident et qui sont soupçonnés d’être retournés à la maison de l’acteur, à proximité de l’accident, pour la “nettoyer”. En proie à une addiction à la drogue depuis de longues années, dépressif, vivant mal son homosexualité, Pierre Palmade avait déjà été condamné pour consommation et fait plusieurs cures de désintoxication…

Des accidents de la route, aussi injustes, surviennent tous les jours. Mais outre l’effroi ressenti pour une mère qui se voit ainsi arracher la vie qu’elle porte en elle et pour un père prisonnier avec son enfant de 6 ans d’une voiture en feu, j’ai le sentiment qu’il y a dans cet accident-là une part d’absurdité, c’est-à-dire de non-sens, redoublée – ce qui explique peut-être l’émoi public qu’il suscite. Moins qu’aucun autre, ces deux véhicules, ces deux itinéraires existentiels, ces deux univers culturels n’étaient faits pour se croiser.

Les vedettes du showbiz, comme celles du cinéma, n’appartiennent pas vraiment à notre monde. Comme le résumait en 1972 Edgar Morin dans Les Stars, “elles vivent très loin, très au-dessus des mortels. Elles brûlent leur vie dans le caprice et dans le jeu. Elles s’entr’aiment, s’entredéchirent et leurs amours confondues sont aussi fatales dans la vie que dans le film.” Et quand, au gré d’un hasard, au coin d’une rue ou d’un magasin, elles pénètrent dans notre monde quotidien, nous sommes toujours un peu surpris de les y croiser. Comme si elles n’étaient pas à leur place, comme si elles tombaient du ciel. Avec un accident comme celui-là, c’est comme si une étoile morte, après s’être consumée là-haut dans le ciel, était finalement tombée ici-bas, dans notre monde, tel un bloc de non-sens.

“Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur”, écrivait Mallarmé dans un fameux poème en hommage à Edgar Allan Poe. C’est le sentiment que j’avais ce matin au bord de la départementale 372 : un désastre, la chute d’une étoile, avait eu lieu, les raisons du drame restaient obscures, mais les blocs de ferraille avaient déjà été emportés, et les choses s’étaient peu à peu remises à circuler. Les différents ordres du réel, et leurs enchaînements propres, avaient commencé à se réajuster. Demeurait cependant la pensée que quelque chose avait eu lieu, ici, qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Le sentiment pur d’une injuste contingence. »

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