Les extraits

Physique et éthique

Martin Duru publié le 2 min

La “Lettre à Ménécée” et les “Maximes capitales” soulignent le lien puissant entre étude de la nature et doctrine du bonheur.

Si les lettres à Hérodote et à Pythoclès exposent en priorité et de manière technique la conception épicurienne de la nature (où le Tout est uniquement constitué de vide et de corps, eux-mêmes composés d’atomes), la célèbre Lettre à Ménécée – disciple dont on ne sait rien hormis son statut de destinataire – se penche essentiellement sur l’éthique. « Il faut méditer sur ce qui procure le bonheur », établit d’emblée Épicure. Il enjoint d’abord à ne pas craindre les dieux (qui, ne se préoccupant pas des affaires des hommes, ne sauraient nous juger ou nous punir) et la mort (qui « n’est rien par rapport à nous », simple « privation de sensation » qui n’est en soi ni un bien ni un mal). Après avoir écarté ces sources de tourments, il expose sa classification des désirs. Se voient distingués les désirs vains (ainsi, la quête des richesses ou des honneurs) qui doivent être éliminés ; les désirs naturels et non nécessaires (la sexualité, par exemple), qu’il s’agit de contrôler ; les désirs naturels et nécessaires (boire, manger, se vêtir, s’abriter…) qu’il convient de satisfaire. Absence de douleur(s) du corps (aponie) et absence de trouble(s) de l’âme (ataraxie) : les conditions du bonheur selon Épicure. Il résume son éthique en soutenant que le plaisir est « le principe et la fin de la vie bienheureuse ». Le plaisir ici invoqué n’est pas la jouissance – perspective hédoniste contre laquelle le philosophe s’érige – mais bel et bien l’état stable, constant, autosuffisant, qui satisfait ses désirs naturels et nécessaires. Celui qui suivra les préceptes d’Épicure vivra donc « comme un dieu parmi les hommes », ayant acquis des « biens immortels »…

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