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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Analyse

Peut-on aimer ce qui se répète ?

Michel Eltchaninoff publié le 16 octobre 2020 9 min

Alors que la deuxième vague de la pandémie de Covid-19 est là, comment vivre la répétition de ce que nous avons connu ? Les réponses de Schopenhauer, de Nietzsche et de Kierkegaard.

 

À force de l’annoncer, on a du mal à y croire. Mais la fameuse seconde vague du Covid semble bel et bien arriver. Que provoque en nous ce sentiment de répétition ? Sans doute la crainte de ne pas avoir la force de mobiliser suffisamment de ressources vitales pour y faire face. Les soignants sont épuisés par la pandémie du printemps, mais les jeunes ne sont pas non plus au mieux de leur forme, sans parler des premiers visés, les personnes âgées. Allons-nous réussir à faire face ? Mais en plus, l’idée que le même phénomène revienne mécaniquement a quelque chose de ridicule et de presque humiliant. On a déjà affronté l’angoisse, la contrainte, la fatigue, le confinement. Faut-il vraiment revivre cela ? Va-t-on le faire de la même façon ? La répétition de la même chose est en fait une grande question philosophique, et elle a occupé les plus grands penseurs, notamment à partir du XIXe siècle. Pour certains, comme le pessimiste Schopenhauer, la répétition est bien la preuve que notre vie n’a pas de sens. On ne progresse pas : on retombe. Mais Friedrich Nietzsche trouve au contraire un sens héroïque à la répétition. Accepter que quelque chose revienne et revienne encore, même si ça fait mal, est un moyen d’adresser un grand oui à la vie. Le Danois Kierkegaard, lui, accorde un sens éthique à la répétition. Elle peut même être voulue, choisie, explorée. Et vous, quelle est votre manière d’aborder la répétition ? 

 

Tragique de répétition

Que pensent les philosophes de ces paradoxes pas très réjouissants ? Certains y voient la confirmation de l’idée suivant laquelle la vie, outre le fait qu’elle se termine toujours mal, est vraiment sans espoir. On a beau avoir l’impression de progresser, de changer, de découvrir des êtres et des territoires nouveaux, en réalité, on ne fait que retomber fatalement sur les mêmes routines et les mêmes soucis. On imagine que son deuxième conjoint vous apportera le bonheur que le premier n’a pas donné ? Illusion démentie au bout de quelques années de remariage. On croit que son nouveau départ dans la vie professionnelle va dissiper toute aliénation au travail ? On se rend compte que tenir une chambre d’hôte ou travailler dans une association n’est pas une sinécure. 

 

“C’est l’horloge de la vie humaine qui se remonte, pour reprendre sa petite ritournelle, déjà répétée une infinité de fois, […] avec des variations insignifiantes”
Arthur Schopenhauer

 

Arthur Schopenhauer, le plus pessimiste des philosophes modernes, est le maître spirituel des cassandres qui prédisent depuis des mois une deuxième vague de Covid aussi terrible que la première. « L’essence de toutes choses, écrit-il dans Le Monde comme volonté et représentation, est au fond une et identique ; la connaissance qu’on en peut avoir est donc nécessairement tautologique : cette essence une fois saisie (…) que leur resterait-il à atteindre, sinon une pure répétition et l’ennui ? » Même lorsque nous désirons quelque chose d’agréable, nous souffrons de ne pas avoir obtenu l’objet de notre désir. Et une fois notre désir satisfait, nous retombons dans l’ennui. Pour Schopenhauer, « la vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui ». La répétition est le lot de tous, y compris de ceux qui pensent pouvoir y échapper. « Voilà les hommes, écrit encore le philosophe : des horloges ; une fois monté, cela marche sans savoir pourquoi ; à chaque conception, à chaque engendrement, c’est l’horloge de la vie humaine qui se remonte, pour reprendre sa petite ritournelle, déjà répétée une infinité de fois, phrase par phrase, mesure par mesure, avec des variations insignifiantes. » Nous avons pensé être débarrassés du virus. Nous avons dignement célébré le déconfinement. Et cette fête d’embrassades a provoqué son retour : « Là est l’origine de ce côté comique, burlesque, grotesque et grimaçant de la vie : car un individu chassé en avant malgré lui se démène comme il le peut, et la confusion qui en résulte produit souvent un effet bouffon ; mais la souffrance cachée derrière ce voile n’en est pas moins sérieuse et réelle. » Merci Arthur. 

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