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Covid-19

Pas facile de faire rimer libertarien avec vaccins

Jean-Marie Pottier publié le 27 janvier 2021 3 min

Certaines personnes s’opposent à la vaccination obligatoire en raison du risque supposé d’effets secondaires, d’autres en arguant que cette politique servirait les intérêts des grands laboratoires. D’autres, encore, dans une optique libertarienne, mettent en avant la liberté totale de l’individu à disposer de son corps et estiment que l’État ne peut la violer au nom du bien collectif représenté par la vaccination obligatoire. « Je suis tout simplement choquée que cette question puisse se poser dans notre pays qui est supposé être libre », affirmait ainsi récemment la « troisième femme » de la présidentielle américaine, la candidate libertarienne Jo Jorgensen (1,2 % des voix en novembre), ajoutant que, si elle et ses enfants sont vaccinés, elle ne se voyait pas « forcer d’autres gens à mettre dans leur corps quelque chose dont ils n’ont pas envie ». 

Pourtant, certains philosophes libertariens affirment à l’inverse qu’il est possible, tout en restant libertarien, de justifier une politique de vaccination obligatoire, et que valider cette mesure à partir de ce point de départ contre-intuitif prouve sa force politique. Une idée qui, on s’en doute, est loin de faire consensus.

  • Le philosophe américaine Jason Brennan a été, dans un article publié en 2016, soit bien avant la crise du Covid-19, par le Journal of Medical Ethics, l’un des principales voix libertariennes à justifier dans le cadre de cette philosophie la vaccination obligatoire. Si un libertarien ne peut s’y rallier au nom du bien-être collectif envisagé du point de vue d’un État paternaliste, il peut le faire, argumente-t-il, au nom du « principe des mains propres », de la violation des droits que représente le fait d’infliger du mal à un autre individu : si « les libertariens pensent que nous devons respecter le droit des adultes d’effectuer des choix stupides et autodestructeurs », ils acceptent « l’usage de la coercition pour empêcher les gens de se faire mutuellement et injustement du mal ». Brennan emprunte au philosophe suédois Sven Ove Hansson (lien en anglais), spécialiste de l’éthique du risque, l’idée du « risque acceptable » : en tant que libertarien, on peut accepter d’exposer l’autre à un risque « si et seulement si cette exposition fait partie d’un système social de prise de risques qui fonctionne à son avantage ». Être libre de circuler en voiture ou profiter de sa liberté d’expression pour diffuser un discours de haine pose un danger pour les autres, mais ces droits fonctionnent également à l’avantage de tous ; en revanche, m’entraîner au tir au fusil en pleine rue ou refuser de me faire vacciner ne le font pas. 
  • Le problème, c’est que le fait qu’un seul individu ne se fasse pas vacciner ne crée pas en soi de danger : ce danger survient quand un grand nombre d’individus le refusent et que la société échoue à atteindre le seuil d’immunité collective (souvent évalué à au moins 70 % dans le cas du Covid-19). Pour répondre à cette objection, Brennan a recours à l’analogie du peloton d’exécution : si dix personnes ont accepté de fusiller un individu et qu’on me propose d’être le onzième, l’intuition du « principe des mains propres » devrait me conduire à refuser, même si ma décision ne pèse rien dans le sort final du condamné.
  • Souvent cité dans les ouvrages de philosophie de la vaccination, son article a provoqué, dans les années qui ont suivi, des réponses critiques de deux de ses confrères, Justin Bernstein et Charlie T. Blunden. Le second revient ainsi sur l’analogie du peloton d’exécution, dont il estime qu’elle ne fonctionne pas : dans le cas du peloton, un seul individu suffit à infliger la mort et chacun peut être considéré à lui seul responsable de celle-ci (raison pour laquelle, lors des exécutions capitales par fusillade, un des fusils contenait, sans être identifié, une balle à blanc) ; à l’inverse, un anti-vaccin n’est pas « suffisant » à lui tout seul à provoquer des dommages s’il n’existe pas suffisamment de cas identiques pour empêcher l’immunité collective.
  • Il serait donc, dans cette optique, difficile de justifier la vaccination obligatoire sur un strict raisonnement individuel, sans avoir recours à une doctrine positive du bien commun, à un principe de justice collective. D’après Justin Bernstein, l’argumentation de Brennan ne serait en réalité pas le fait d’un vrai libertarien mais d’un libéral classique, en faveur des libertés individuelles sauf quand leur limitation participe d’un bien collectif plus élevé. Tout en jugeant « particulièrement bien argumentée » sa théorie, Bernstein lui lance donc un défi, ainsi qu’aux autres libertariens : soit muscler encore leur défense de la vaccination obligatoire, soit choisir leur camp entre celle-ci et le libertarisme.
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