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Forêt de Kremin (Ukraine), le 21 décembre 2023. Des soldats de la 67e brigade mécanisée des forces armées ukrainiennes sur la ligne de front. © Marek M. Berezowski/Anadolu via AFP

Polémique

Mourir pour Dantzig… ou pour le Donbass ?

Samuel Lacroix publié le 08 mars 2024 7 min

« Moi, je n’ai pas envie de mourir pour le Donbass ! » Les mots du géopolitologue Pascal Boniface ont fait réagir. De fait, ils rappellent une fameuse tribune signée par Marcel Déat en mai 1939, « Mourir pour Dantzig ? », dans laquelle le futur collaborationniste faisait montre d’un pacifisme chevronné. Jusqu’à quel point le rapprochement entre ces deux prises de position est-il pertinent ?


 

« C’est un engrenage dont on risque de ne pas sortir. Moi, je n’ai pas envie de mourir pour le Donbass ! » Invité sur le plateau de l’émission C ce soir le 27 février dernier, le géopolitologue Pascal Boniface réagissait aux propos d’Emmanuel Macron, qui expliquait que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait être exclu.

➤ À lire aussi : quatre philosophies du pacifisme

Pour le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), le président de la République a fait montre d’une certaine imprudence en adoptant une rhétorique belliciste et va-t-en-guerre, abandonnant le simple registre de l’assistance à l’allié agressé pour épouser celui de la belligérance face à l’agresseur. Ce qu’a voulu ici dire Boniface, c’est que cette prise de position est dangereuse mais également qu’elle est vaine. Du point de vue de nos intérêts, cela n’en valait pas la peine, entendre : on ne peut prendre le risque d’entrer directement en conflit avec la Russie pour un enjeu en un sens aussi dérisoire. Dire « je n’ai pas envie de mourir pour le Donbass », cela n’est pas seulement sous-entendre qu’on ne veut pas périr au combat et que la guerre en soi nous fait peur ; c’est aussi implicitement dire « je n’ai pas envie de mourir pour si peu ».

Pacifisme viscéral

C’est la mobilisation de ce « pour » et du nom d’une région plus ou moins éloignée qui a rappelé aux oreilles attentives la fameuse tribune de Marcel Déat (1894-1955), « Mourir pour Dantzig ? », parue dans le journal L’Œuvre le 4 mai 1939. Homme politique socialiste, normalien et agrégé de philosophie, Déat est à cette époque une figure singulière. Exclu de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO, le parti socialiste de l’époque) en 1933 pour ses tendances autoritaires et la sympathie qu’il affiche vis-à-vis des « gouvernements bourgeois » d’alors, il porte un courant « néo-socialiste ». Celui-ci préconise de se délester de certains paradigmes marxistes, comme la lutte des classes et la dictature du prolétariat, pour se concentrer sur le « planisme », soit un interventionnisme fort de l’État dans le domaine économique devant servir à lutter contre les effets pervers du marché. Au moment où il écrit sa tribune, Déat est le secrétaire général de l’Union socialiste républicaine (USR), une formation dissidente fondée en 1935, qui se donne notamment pour but de « défendre la République contre les fascismes dictatoriaux et les dogmatismes totalitaires », de « surmonter la crise économique » et de « sauver la paix ». Antifasciste patenté, prosioniste, il prend régulièrement la parole lors des réunions antinazies de la LICA (Ligue internationale contre l’antisémitisme, l’ancêtre de l’actuelle LICRA) dans les années 1930. Des éléments extrêmement troublants quand on sait qu’il deviendra, par la suite, l’un des chantres les plus zélés de la collaboration avec l’Allemagne nazie lors de l’occupation… Force est de constater que c’est le troisième but de l’USR qui anime le plus Marcel Déat : « sauver la paix ». Ancien combattant à seulement 24 ans, le jeune philosophe a à l’évidence été comme beaucoup de Français passablement traumatisé par la Grande Guerre, comme en témoigne son essai Cadavres et maximes. Philosophie d’un revenant, publié en 1919. Proche de Jaurès (il rejoint de 1933 à 1935 le Parti socialiste de France-Union Jean Jaurès), son pacifisme viscéral – et son anticommunisme criant – semblent guider et déterminer tous ses choix. 

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