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Michel Onfray en 2018 (détail). © Vincent Muller/Opale via Leemage

Entretien

Michel Onfray : “Le stoïcisme, une recette existentielle”

Michel Onfray, propos recueillis par Sven Ortoli publié le 08 mai 2021 8 min

Michel Onfray voit dans la pensée stoïcienne un art de vivre. Elle vise à maîtriser les passions, à vouloir sa vie et à savoir mourir. C’est « une anthropologie lucide et concrète, enracinée dans l’expérience de l’ici et maintenant » et une pensée déterministe, en lien avec le cosmos, qui remet l’homme à sa juste place.

 

Vous avez été personnellement éprouvé par la maladie. A-t-elle été l’occasion de pratiquer une forme de stoïcisme ?

Michel Onfray : Oui, bien sûr, mais pas seulement. À chaque moment pénible de mon existence, le stoïcisme m’a été utile. Au service militaire, j’avais déjà Marc Aurèle à portée de main, mais également pendant les treize années du cancer de ma compagne, lors de ses derniers moments, ou au cours des années qui ont suivi, sans parler de la mort de mon père, d’une hospitalisation pour un AVC et mille autres occasions moins graves, les stoïciens m’ont grandement servi. Je ne conçois pas la philosophie autrement que comme un art de vivre, et le stoïcisme est le cordial du temps des grandes peines.

 

Un cordial que vous mélangez avec de l’épicurisme ? Ce n’est pas antinomique ?

Voyez les Lettres à Lucilius du stoïcien Sénèque : il fait constamment référence aux épicuriens pour en dire du bien ! Si la recette existentielle est efficace, il ne regarde pas d’où elle vient ou si elle est, disons-le ainsi, politiquement correcte. La généalogie de cette séparation entre stoïciens et épicuriens renvoie à Cicéron qui, pour de basses raisons de politique politicienne, avait rattaché son camp républicain à celui des stoïciens, sous prétexte que ces derniers étaient soucieux de civisme et de citoyenneté, face à celui des épicuriens – le camp de César – stigmatisés comme autant de pourceaux dangereux pour les institutions républicaines. L’épicurisme est un atomisme matérialiste, ce que n’est pas le stoïcisme, qui renvoie à une autre physique que je qualifierais de vitaliste. Mais l’un et l’autre proposent des arts de vivre assez semblables : maîtriser les passions et faire triompher la raison, vouloir sa vie et ne pas être voulu par elle, vivre à propos et mourir sans crainte, préférer la construction de l’être à la passion de l’avoir, activer un volontarisme sur ce qui dépend de nous (les représentations) et consentir à ce qui n’en dépend pas (les faits). 

 

Chez les stoïciens, vous préférez les Romains. Pour quelle raison ? Est-ce leur côté pratique ? Ils sont plus vivants en somme, et moins métaphysiques ?

C’est en effet ma thèse. Les Grecs ont produit le Parménide de Platon, la Métaphysique d’Aristote, les Énnéades de Plotin, qui sont des ouvrages de haute volée spéculative. Mais les Romains n’ont aucun souci de l’ontologie et de la métaphysique, non par une incapacité due à leur caractère fruste, comme il fut beaucoup bêtement dit au cours des siècles, jusqu’à Paul Veyne compris, mais par mépris de ces réflexions inutiles pour fabriquer des soldats, des paysans et des citoyens, les piliers de Rome. À Rome on n’enseigne pas la philosophie avec des mots mais avec des exemples. On ne théorise pas sur le pouvoir comme Platon dans sa République ; on fait de Cincinnatus un héros admirable et exemplaire. 

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Article issu du Hors-série n°n° 49 mai 2021 Lire en ligne
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