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Stanley Cavell à Paris en 2015 (cc) Wikimedia Commons / a.ziel

Nécrologie

Mort du philosophe américain Stanley Cavell

Cédric Enjalbert publié le 20 juin 2018 3 min

Le philosophe américain Stanley Cavell, partisan du « perfectionnisme moral », est décédé à l’âge de 91 ans. Spécialiste du cinéma hollywoodien, il s’est attaché à la défense d’un scepticisme fondé sur l’expérience plutôt que sur la connaissance.

 

« Très peu de gens peuvent philosopher seuls sans devenir fous. » Stanley Cavell en était convaincu. Le philosophe américain, connu pour son exploration philosophique du cinéma, la richesse de ses exemples et sa défense du perfectionnisme moral, est mort le 19 juin 2018, à l’âge de 91 ans.

Né en 1926, Stanley Cavell fraye une nouvelle voie pour la philosophie américaine, ce qui lui vaut d’abord de souffrir d'un manque de considération, aux États-Unis comme en Europe, où il n’est traduit que tardivement : « ma déception, ma surprise, peut-être naïve, face à la désapprobation que la profession philosophique m’a parfois signifiée, a toujours trouvé une forme de compensation dans la productivité de mon travail sur la littérature et le cinéma. J’ai confiance dans le fait que la philosophie fait bien d’aller dans de telles directions », témoigne-t-il dans un entretien qu’il nous accordait en 2009.

Rejetant les arguties de la philosophie analytique auxquelles il préfère un langage clair, Stanley Cavell s’appuie sur la pensée d’Emerson et de Thoreau pour défendre une doctrine éthique reposant sur la possibilité de se « transformer » moralement. « En ce qui concerne Emerson et Thoreau, dit-il, il a d’abord fallu les reconnaître comme philosophes, c’est-à-dire aller à l’encontre du champ institutionnel américain. Œuvre de philosophie à part entière, Walden ou la Vie dans les bois de Thoreau vaut, voire dépasse en clarté et profondeur, selon moi, les meilleures pages de Heidegger. Chez Emerson, c’est le perfectionnisme moral qui m’intéresse surtout, la création de soi : cette capacité infinie d’interroger chaque étape de notre vie, et de reconnaître que chacune fut tout à la fois précieuse et sujette au questionnement »

Enseignant l’esthétique à l’université Harvard, Stanley Cavell trouve chez Shakespeare ce qu’il appelle la «  vérité du scepticisme », héritée notamment de Wittgenstein, à savoir « l’idée que notre relation au monde comme telle n’est pas une relation de connaissance ». Proposant une refondation du scepticisme, centré sur l’expérience plutôt que sur la connaissance, il s’étonne du mépris dont le cinéma hollywoodien est l’objet dans les études universitaires au regard sa puissance dans la société ; lui s’appuie au contraire sur des exemples empruntés aux films de George Cukor, d’Howard Hawks ou de Frank Capra pour étayer sa réflexion. « Le cinéma réfléchit le monde et permet de réfléchir à lui. Tout objet, toute personne, tout lieu visible dans un film est à la fois là et pas là. Le cinéma est, en ce sens, une image mouvante du scepticisme, comme je l’ai écrit, un lieu où le monde est présenté et absenté par le phénomène de la projection, intime et étranger. »

Sandra Laugier, enseignante à l’université et spécialiste de lphilosophie américaine, a introduit l’œuvre de Stanley Cavell en France, à la faveur de traductions. Pour la philosophe, « il a le premier osé parler du cinéma comme d’un lieu fécond pour notre vie morale, en publiant, en 1981, À la recherche du bonheur [Cahiers du cinéma, 1993], un livre sur les comédies hollywoodiennes du remariage. On le lui a beaucoup reproché, dans le milieu de la philosophie et celui du cinéma. En analysant des films comme Indiscrétions de Cukor, New York Miami de Capra ou La Mort aux trousses de Hitchcock, Cavell proposait une vision des choses qui tranchait avec l’époque, pas si lointaine, où il était considéré comme nunuche de s’intéresser à l’histoire, aux personnages, bref aux aspects psychologiques ou moraux des œuvres d’art, en comparaison avec l’analyse formelle ». Ces films racontent en effet l’histoire de couples qui se séparent et se retrouvent à mesure qu'ils s'améliorent.

Tout au long de sa vie philosophique, Stanley Cavell n'a ainsi cessé d’élaborer une philosophie morale à partir du souvenir de ses émotions de cinéma, à rebours de l’esprit de sérieux et des « arabesques inoffensives » d’une large frange de la philosophie, s’attachant sans relâche à avancer sur une « corde raide », entre la précision et la popularité, entre l’exigence et l’accessibilité, dans « un effort où s’exprime ce combat entre le désespoir et l’espoir » qu’il concevait  « comme une des motivations de l’écriture philosophique ». 

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