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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Le 25 mars 2020, le président français Emmanuel Macron (au centre) se rend dans l'hôpital militaire de campagne bâti près de Mulhouse. © Mathieu Cugnot/AP/SIPA

Entretien

Michaël Fœssel : “Les politiques ont la tentation de faire de la crise un champ d’expérimentation autoritaire”

Alexandre Lacroix publié le 31 mars 2020 9 min

Avant de spéculer sur le monde d’après et la sagesse qui sera la nôtre après cette crise majeure… regardons avec quelle aisance et quelle satisfaction les leaders des démocraties se voient eux-mêmes en chefs de guerre et manifestent leur goût du contrôle des populations, prévient le philosophe Michaël Fœssel.

Vous avez écrit un essai intitulé Après la fin du monde. Critique de la raison apocalyptique. Sommes-nous aujourd’hui devant un monde suspendu, un monde abîmé, un monde qui se métamorphose ?

Michaël Fœssel : Aujourd’hui comme à l’époque où j’écrivais cet essai, il me semble que la notion de monde n’est pas liée à la question de la vie. Je considère que le monde, c’est d’abord et avant tout un horizon social et perceptif, une certaine manière d’organiser le temps, de le scander. J’appelle monde l’ordre ordinaire collectif de nos vies, l’horizon de nouveauté qui l’entoure et non leur simple conservation biologique. C’est pourquoi notre monde est – je l’espère, momentanément – annulé par le confinement. D’autre part, il y a monde quand on peut se projeter dans l’avenir de manière relativement assurée. Et là, on voit bien que, même au niveau gouvernemental, les décideurs ne savent pas, ne peuvent pas nous dire combien de temps cette crise va durer. Chacun est obligé de refaire monde au niveau de son domicile – je parle bien sûr de ceux qui sont confinés –, et ce n’est pas facile, peut-être même est-ce impossible, en ce sens où le monde suppose un rapport à l’altérité. Tout le paradoxe actuel, c’est qu’on nous demande d’être solidaires depuis nos solitudes.

 

Pensez-vous que nous allons revenir au monde d’avant, ou qu’il y aura une reconfiguration ?

Comme lors de chaque crise majeure, certains s’empressent de déclarer que rien ne sera plus jamais comme avant, que nous sommes déjà entrés dans le monde d’après. Je me méfie de ces discours. Bien sûr, nous ne retrouverons pas la situation précédente à l’identique. Mais tout dépend des changements qui vont se produire. Si ce que l’on remet en cause, ce sont les idéologies managériales, les conceptions productivistes et anti-écologiques qui d’une certaine manière nous ont menés là, alors l’effort de transformation de nos habitudes et de nos cadres de pensée peut être bienvenu. Maintenant, si le caractère dramatique de la situation et la peur qu’elle suscite doivent signifier – comme on en perçoit déjà les signes – qu’on va prendre des mesures sécuritaires et biosécuritaires renforcées, si l’on se met à nous vanter le modèle chinois comme supérieur à celui des démocraties, si cette période de quarantaine sert à mettre en place des outils de surveillance numérique, de zonage et de contrôle des populations dont l’usage se pérennise, l’après sera peut-être même pire que le pendant. Nous voilà ramenés à une problématique philosophique assez classique : est-ce que l’exceptionnel doit devenir normatif ? Comme nous vivons une crise de nature virologique, elle ouvre de surcroît une ère du soupçon. L’autre ne représente-t-il pour moi qu’une menace ? Universalisées, de telles suspicions empêchent de faire monde. Jusqu’où va-t-on aller ? Enverra-t-on des drones surveiller les rues, comme dans les mégapoles chinoises ? Si l’on suit cette pente, nous allons vers des évolutions fortes de nos sociétés, mais pas vraiment celles auxquelles aspirent ceux que j’appellerai les « utopistes du monde d’après ».

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