Métamorphoses de la métapolitique
Joseph de Maistre : le plan divin
La généalogie de l’idée de métapolitique remonte à Joseph de Maistre, l’un des plus importants penseurs contre-révolutionnaires. Il n’invente pas le terme, qu’il emprunte probablement à des penseurs allemands comme Christoph Wilhelm Hufeland et August Ludwig Schlözer. C’est cependant lui qui en popularise l’usage. À ses yeux, la métapolitique est la « métaphysique de la politique » : elle désigne les « fondements cachés de l’édifice social », le plan divin qui détermine le cours des choses sans que les hommes aient prise sur lui. De Maistre s’attaque, à travers ce concept, à l’idée moderne du politique, qui suppose que les hommes décident de leur destin, qu’ils sont les auteurs de leur existence politique. « Aucune constitution ne résulte d’une délibération : les droits du peuple ne sont jamais écrits, ou ils ne le sont que comme de simples déclarations de droits antérieurs non écrits. L’action humaine est circonscrite […], au point que les hommes qui agissent ne sont que des circonstances. » L’objectif est on ne peut plus clair : soustraire à l’homme sa prétention à constituer une communauté politique, qui reste pour De Maistre déterminée par des processus historiques.
Martin Heidegger : le destin de la pensée
Difficile de dire si c’est chez De Maistre que Martin Heidegger puise sa conception de la métapolitique. Les deux hommes partagent, en tous cas, un mépris commun pour la pensée des Lumières, pour la prétention des hommes à déterminer collectivement leur existence. Pas de plan divin, cependant, chez Heidegger. La métapolitique, pour le philosophe de la Forêt-Noire, marque une rupture radicale : « La fin de la “philosophie”. – Nous devons la mener à sa fin et préparer ainsi le tout autre. – Méta-politique. » Celle-ci doit permettre un nouveau commencement de la pensée, ouvrir une nouvelle ère libérée de la métaphysique classique. C’est la métaphysique, érigée sur l’oubli de l’être au profit de l’appropriation par l’homme de tout ce qui existe (et qu’il nomme « l’étant »), qui est responsable, pour Heidegger, de « cette manière d’être homme qui consiste à occuper la sphère des pouvoirs humains en tant qu’espace de mesure et d’accomplissement pour la maîtrise et possession de l’étant en sa totalité. »
Mardi 26 juin, une quinzaine d’élus Les Républicains ont dîné en compagnie de Marion Maréchal. Une recomposition des droites en France, après…
Il y a trente ans, la chute du bloc de l’Est était censé amener une ère de paix. Il n’en pas été ainsi, constate Jacques Rancière dans son dernier…
Kylian Mbappé, un « modèle d’assimilation » ? C’est ce qu’a assuré Jordan Bardella, président du Rassemblement national, oubliant…
Qui est Giorgia Meloni, figure montante de l’extrême droite en Italie, qui devrait sortir renforcée des élections du 25 septembre prochain, voire…
Alors qu’un jeune transfuge de la France insoumise passé au Rassemblement national, Andréa Kotarac, vient de fonder avec Hervé Juvin le Parti…
Le troisième volume des « cahiers noirs » de Martin Heidegger paraît aujourd’hui. Dans ces cahiers XII à XV, on découvre un penseur…
Alain Badiou par Alain Badiou : difficile de faire titre plus vaniteux en apparence. Mais Badiou est un provocateur, et assume, avec audace et amusement,…
Fondateur de Socialisme ou Barbarie, élève et ami de Merleau-Ponty, Claude Lefort s’est engagé dans tous les grands combats du siècle sans jamais perdre sa liberté de parole. Penseur de la démocratie et du totalitarisme, il a élaboré…