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L’instrument de l’Empire

Joël Thoraval publié le 4 min

Pour rester dans la course de la mondialisation, le pouvoir chinois « redécouvre » Confucius. L’enseignement de celui qui mettait l’éthique au centre de ses préoccupations sert désormais de ciment nationaliste à une idéologie défaillante.

En ce début du XXIe siècle, la Chine connaît un développement accéléré et répand peu à peu son influence dans le monde. Cette globalisation économique est aussi culturelle. Les médias qui nous parlent de ce grand pays semblent nous renvoyer des images de comportements individualistes et hédonistes que nous connaissons bien. Pourtant, le nom et la doctrine de Confucius sont de retour. Comment expliquer ce paradoxe, d’autant plus saisissant que le nationalisme chinois s’est d’abord voulu anti-confucéen ? De la première république en 1912 de Sun Yat-sen, leader nationaliste, à la Révolution culturelle (1966-1976) de Mao Zedong, la tradition culturelle et le confucianisme ont été jugés responsables du « retard » de la Chine et ont été activement détruits.

Le retour en faveur de Confucius doit beaucoup à une instrumentalisation. Son enseignement est transformé en message politique autoritaire pour supplanter une idéologie défaillante, en conformisme social et moral pour tenter d’assurer la stabilité de la société et en nationalisme culturel pour garantir sa place à la Chine dans le jeu de la globalisation. Mais il n’y a pas que cela. Le bouleversement de la société et la perte des repères conduisent de nombreux Chinois à s’intéresser à une tradition qui subsistait à l’état de fragments : ils peuvent y trouver des outils pour une réflexion éthique ou pour une reconstruction culturelle permettant de poser des problèmes universels dans un langage proprement chinois.

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