L'expérience de Milgram ou le mal en laboratoire
Des gens ordinaires peuvent-ils se transformer en bourreaux À cette question, Stanley Milgram propose, en 1963, une réponse devenue canonique l’obéissance à l’autorité est la clef de cette métamorphose. 53 ans plus tard, nul ne doute que Milgram ait dévoilé un phénomène remarquable – mais lequel ?
L’expérience
À l’été 1961, Stanley Milgram, frais émoulu de Harvard et, depuis quelques mois, assistant à l’université de Yale, passe une annonce dans le New Haven Register. Le jeune chercheur – il a 28 ans – indique avoir besoin de 500 personnes et propose « 4 dollars pour une heure de votre temps dans le cadre d’une expérience scientifique sur la mémoire et l’apprentissage ». Chaque participant est censément susceptible d’y tenir le poste de professeur ou d’élève selon le résultat d’un tirage au sort (en réalité, le « tirage » est truqué, il ne désigne que des professeurs). Ensuite, sous l’autorité d’un « scientifique » en blouse blanche (en fait, un comparse de Milgram), il est invité à prendre place face à un tableau de bord équipé d’un bouton gradué et d’un voltmètre.
Le scientifique lui demande alors de lire dans un interphone une série de mots à l’intention d’un autre volontaire (comparse, lui aussi, de Milgram) installé, hors de vue, dans une pièce adjacente. Celui-ci doit répéter la série sans se tromper, faute de quoi son « professeur » lui administre une décharge électrique, de 15 V à la première erreur, puis de 30 V à la deuxième, etc., jusqu’au maximum de 450 V. À partir de 150 V, le sujet peut entendre les plaintes, puis les coups frappés sur la cloison, de celui à qui il est censé infliger les décharges, jusqu’au silence définitif… L’expérience terminée, chaque participant était informé de la teneur réelle de celle-ci, et du fait que l’expérience était simulée.
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