L’été des métamorphoses

Catherine Portevin publié le 2 min

C’est le moment de changer, d’être attentif à ce qui n’est pas soi, et de laisser ses lectures ouvrir tous les possibles.

Devenir… un fleuve héraclitéen, un martinet au crépuscule, le vélo qui nous propulse dans le monde. Se projeter dans la tête d’un Machiavel, d’un philosophe des Lumières ou d’un Leonard Cohen mystique. Faire corps avec les espaces, avec les pensées dures ou rêveuses. Les lectures d’été ont le temps de nous absorber, et peut-être de nous transformer. Notre sélection sous le signe des métamorphoses voudrait ouvrir tous ces possibles.  Et pour prendre son envol, quoi de mieux que la chouette de Minerve ? Elle fait l’objet de la dernière livraison de la célèbre et discrète revue « des champs et des bois », La Hulotte, « irrégulomadaire » que Pierre Déom écrit dans ses Ardennes depuis les années 1970. Dans ce n° 105 (on s’abonne vite en ligne !), la hulotte, la plus grande de nos chouettes, rend hommage à sa petite cousine chevêche des prés et des haies. Qu’Athéna (Minerve, donc) l’ait élue comme compagne de sagesse doit tout à la métamorphose : possessive et pas très chouette, la déesse avait changé en chevêche son amie Nyctésis pour l’avoir toujours à ses côtés ! Avec Athéna, la chouette pas plus grosse qu’un merle devint l’emblème de la philosophie, capable de discernement dans l’obscurité pour penser après l’agitation des jours : « La chouette de Minerve, disait Hegel, ne prend son vol qu’à la tombée de la nuit. » Eh bien, pas du tout ! C’est le scoop de La Hulotte : la petite chouette aux yeux jaunes n’y voit pas mieux la nuit que le jour, il lui arrive même de chasser au soleil. En revanche la chevêche a, paraît-il, bon caractère. Pour la philosophie, c’est toujours ça de gagné !

Expresso : les parcours interactifs
Joie d’aimer, joie de vivre
À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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