Les assaillants du Capitole avaient-ils le “droit à la révolution” ?
Il y a deux ans, le 6 janvier 2021, les émeutiers du Capitole ne suivaient pas seulement les injonctions de Donald Trump ou les fausses informations sur l’élection présidentielle. Ils appliquaient une théorie du pouvoir puisée chez les Pères fondateurs américains ainsi que chez des philosophes : le « droit à la révolution » ou l’« insurrectionnisme ». Explications.
Il y a deux ans, le 6 janvier 2021, un groupe d’émeutiers envahissait le Capitole à Washington DC pour tenter d’empêcher par la force la certification de l’élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis. Publié le 22 décembre dernier, quelques jours avant le changement de majorité à la Chambre des représentants, le rapport fleuve de la commission d’enquête du Congrès met notamment en accusation Donald Trump pour son rôle joué dans les événements, dans les jours qui ont précédé comme dans ses heures décisives. Mais ce rapport, avec les différentes enquêtes criminelles menées depuis deux ans, nous plonge également dans la tête des émeutiers. Il nous renseigne sur leurs informations et opinions politiques mais aussi sur ce qu’il faut bien appeler leur philosophie du pouvoir.
Un « constitutionnalisme de la force »
Comme l’écrit l’historienne du droit Farah Peterson, pour comprendre le 6-Janvier, il faut en effet saisir pourquoi une bonne partie des émeutiers considéraient qu’une intrusion violente au Capitole constituait une façon valable de dénouer une dispute constitutionnelle :
« On peut considérer que parce que les émeutiers étaient mal informés et leur message grossier, leurs idées constitutionnelles n’ont pas d’importance, mais je considère, avec inquiétude, qu’elles en ont beaucoup. »
Elle y voit le reflet d’un « constitutionnalisme de la force » : une idéologie très présente, sous d’autres noms (« insurrectionnisme », « droit à la révolution »...), dans l’histoire américaine, et qui emprunte notamment à des lectures plus ou moins hâtives de Pères fondateurs américains comme Thomas Jefferson ou de philosophes comme John Locke.
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Nous reproduisons des extraits du Second Traité du gouvernement civil de John Locke, traduit par David Mazel.