Les âges du stoïcisme
La philosophie stoïcienne ne limite pas son influence à l’Antiquité gréco-romaine. Elle est présente à la Renaissance, empruntant des accents chrétiens, est revendiquée à l’ère moderne par Nietzsche ou Foucault, et connaît de nos jours un regain jusque dans la psychologie clinique.
Le stoïcisme ancien
Le stoïcisme naît en 301 av. J.-C. à Athènes, lorsque Zénon de Kition (ou de Citium) commence à enseigner en public sous la Stoa Poïkilè, le « portique peint ». On sait peu de choses de Zénon sinon qu’il fut élève de l’Académie platonicienne et de Cratès le cynique, dont il retiendra un précepte : « vivre conformément à la nature ». Ses disciples les plus célèbres, Cléanthe et Chrysippe de Soles, qui perpétueront son enseignement, sont eux aussi relativement mal connus. Tous les trois présentent des points communs, qui font la spécificité du stoïcisme ancien, grec. Ils sont tout d’abord les premiers à diviser la philosophie en trois domaines : la logique, la physique et l’éthique, qu’il s’agit d’explorer par une « recherche de la raison droite », selon le mot de Chrysippe. Mais ce sont tout particulièrement les deux premiers champs qu’ils explorent.
La logique d’abord : outre une analyse détaillée des différents types de propositions et de leurs articulations, les stoïciens établissent une distinction tout à fait moderne entre le signifiant (un mot, une phrase), le référent (la chose dont on parle), et le signifié, le lekton, ce qui est dit, le dicible, l’exprimable qui, contrairement aux deux autres, est incorporel.
La physique, ensuite, qui est fondamentalement une cosmologie : « Le monde entier vient de deux principes : le principe actif et le principe passif. Le principe passif est la matière inerte et sans qualité, le principe actif est la raison qui agit en elle, c’est-à-dire la divinité. » Le monde est « un être vivant raisonnable, animé et intelligible ». Il s’agit donc d’un ordre, d’un cosmos, « gouverné par un esprit et une providence » : Zeus, le logos éternel, le feu artisan. Toutes les parties du monde tiennent les unes aux autres par « sympathie » ; toutes les choses sont liées par une commune nécessité, par un strict déterminisme ; toutes les choses ont un destin. Tout notre pouvoir tient dans la manière dont nous acceptons ou non ce destin (l’éthique se résume, en un sens, à cet assentiment donné à ce qui nous échoit). Le cosmos panthéiste des stoïciens ne cesse, enfin, de se renouveler par un éternel retour : il recommence, sans cesse, lors de la palingénésie (renaissance, régénération, en grec).
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Michel Foucault, Dits et Écrits, tome 4, « Le sujet et le pouvoir » (1982)