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L’emprise libérale

Nicolas Truong publié le 4 min

De la communion politique, sociale ou ecclésiale à la foule sentimentale qui promène dans le village global son ego et sa libido de centre commercial, une prophétie s’est réalisée. Non pas celle biblique d’Isaïe, qui annonçait à son peuple l’arrivée du Messie, ni même celle du philosophe Francis Fukuyama qui proclame la « fin de l’histoire » depuis près de deux décennies. Mais, à en croire les développements nourris de Dany-Robert Dufour, Christian Laval et Jean-Claude Michéa, c’est la prophétie d’Adam Smith, le plus grand théoricien du libéralisme, qui se serait accomplie. Lors d’une célèbre démonstration, l’auteur de La Richesse des nations (1776) affirmait que les individus sont gouvernés par leurs intérêts particuliers, leur permettant paradoxalement de faire société par ­l’entremise d’une « main invisible » censée réguler le marché et servir par-là même l’intérêt collectif. Dans la société libérale, « chaque homme est devenu un commerçant », écrivait-il. C’est en ce sens qu’au-delà d’une simple théorie économique, le libéralisme est une « véritable anthropologie », une conception de l’humanité selon laquelle « toutes les relations humaines […] sont régies par la considération de l’utilité rationnelle », explique Christian Laval, qui retrace la grande fresque idéologique de cet « homme économique ».

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