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Michel Butor en mars 2016 (cc) Flickr / UTBM / François Jouffroy

Nécrologie

L’écrivain Michel Butor est mort

Cédric Enjalbert publié le 25 août 2016 4 min
Figure de proue du Nouveau Roman, l’écrivain Michel Butor est mort mercredi 24 août 2016 à l’âge de 89 ans.

« Cette histoire ne va plus durer bien longtemps, je le sais ! confiait Michel Butor en 2012. Il s’agit donc d’organiser un temps qui se rétrécit de multiples façons. » Il n’aura cessé d’organiser ce temps de façon à enrichir ses œuvres complètes, publiées en 2006, dont lui-même disait qu’ « évidemment elles ne le sont pas », laissant après lui près de deux mille livres. L’écrivain est mort à l’âge de 89 ans, mercredi 24 août 2016.

Auteur de La Modification, lauréat du prix Renaudot en 1957, il bouleverse aux côtés d’Alain Robbe-Grillet, de Claude Simon et de Nathalie Sarraute l’écriture romanesque. Mais l’auteur se destine initialement à la philosophie, qu’il étudie à Paris. « J’ai fait des études de philosophie à la fin de la guerre à la Sorbonne, après une licence de lettres. Cela marchait très bien, témoignait-il en 2007, dans un entretien accordé à Philosophie magazine. J’avais pour directeur de mémoire Gaston Bachelard qui faisait des cours éblouissants sur l’imagination. Il faisait rire aux éclats tout l’amphithéâtre. » Avec son ami Jean-François Lyotard, il prépare alors l’agrégation, qu’il rate à trois reprises. Abandonnant l’idée de réussir ce concours, il part en Égypte, enseigner le français, puis en Grande-Bretagne, à Manchester, enseigner la philosophie. En même temps qu’il entreprend ces voyages, il se découvre le goût d’écrire comme une réponse à « l’état de misère intellectuelle » de la France d'après-guerre. Il publie en un cours laps de temps quatre romans, dont l’expérimentation formelle, sous « influence considérable du cinéma », le rattache immédiatement aux figures de proue du Nouveau Roman. Paraissent chez Minuit : Passage de Milan, en 1954, L'Emploi du temps, en 1956, La Modification, lauréat du Prix Renaudot en 1957, et Degrés, en 1960.


 

Il poursuit ses voyages autour du monde avec l’ambition, déjà, d’« écrire un livre qui fasse le tour de la Terre ». Il abandonne cependant le roman lors de son premier voyage aux États-Unis. Une bizarrerie pour un écrivain à succès, car, comme il le dit bien plus tard avec bonhomie, « quand on est écrivain, la manière de gagner de l’argent, c’est d’écrire des romans ». Toutefois, « on ne fait pas ce qu’on veut ». Plutôt, donc, le roman le quitte. Michel Butor recherche de nouvelles techniques narratives : récits de voyage, essais, poèmes, dialogue, livres d’artiste, transcription de rêves, récits de voyage... Au fil des années, sa barbe de sage blanchissant, il ressemble de plus en plus à Bachelard, son maître en philosophie aux côtés de Diderot et de Montaigne. De l’auteur de L’Eau et les Rêves, il partage l’ambition poétique générale, et des deux autres la tentation encyclopédique, l’universalisme et le goût du voyage. Butor constitue peu à peu un corpus protéiforme et mouvant, constitué de centaines de livres, cherchant inlassablement à « varier les façon de dire », avec cette espérance : « amener un changement dans la réalité » par les mots. Son œuvre s’enrichit par cycles, qu’il consacre par exemple au génie des lieux, aux matières des rêves – où il évoque les livres qu’il n’écrira jamais –, aux improvisations, etc. Il consacre également des études à Mondrian, à Giacometti, Rothko, Alechinsky ou Barceló. Parmi ses nombreux dialogues avec ces artistes et ces intellectuels compte une Conversation sur le temps menée avec le philologue Carlo Ossola, professeur au Collège de France (La Différence, 2012).

Titulaire d’une chaire de littérature à l’université de Genève, ce qu’aucune faculté française ne lui offre – faute d’être agrégé ? – l’érudit explore les univers de Flaubert, Balzac et Rimbaud jusqu’en 1991, avant de prendre sa retraite dans les hauteurs d'un village de Haute-Savoie, à Lucinges. « Lorsque j’étais enseignant, précise-t-il, je consacrais une bonne partie de mon temps à préparer mes cours, ce qui m’en laissait peu pour le reste. Je n’ai jamais eu le temps d’écrire ce que j’ai écrit, je l’ai pris. Il y a une forme de violence dans cet acte. Mais ce temps que l’on a pris dévore finalement l’ensemble du temps, ce qui est d’autant plus sensible à mesure que les années passent. Le rétrécissement du temps en fin de vie a donc forte partie liée à cet acte de prendre, qui multiplie le temps en même temps qu’il le menace. »

Michel Butor prépare dans la dernière décennie de sa vie l’édition de ses œuvres complètes, finalement parues en 2006 aux éditions de La Différence. Lauréat tardif du Grand Prix de littérature de l'Académie française en 2013, il fait paraître un ultime essai consacré à Hugo cette année, quelques mois avant sa disparition. Se retournant sur un demi-siècle d’écriture, invité à parcourir à nouveau la trajectoire d’une vie et d’un seul coup d’œil ses centaines d’œuvres à l’occasion d’un entretien, Michel Butor déclare comme pour conjurer l’angoisse de la postérité : « Lorsqu’on publie un livre, on le publie pour s’en débarrasser. On le confie aux autres. »

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