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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Frédéric Desmots pour PM

Lexique

Le temps réel

Élie During publié le 27 septembre 2007 9 min

L’Univers, ce n’est pas seulement des corps répartis dans l’espace, c’est aussi un déploiement dans le temps, un devenir. Cette intuition simple rompt avec les théories scientifiques du début du XXe siècle et donne son coup d’envoi à la pensée bergsonienne.

Durée

À une dame du monde qui lui demandait de résumer l’essentiel de sa philosophie, on raconte que Bergson fit cette réponse : « Madame, j’ai dit que le temps était réel, et qu’il n’était pas de l’espace. » Le temps est réel : ce n’est pas rien. C’est dire qu’il ne se réduit pas à une pure succession. Il a, par lui-même, quelque chose de substantiel, de constitutif. Comment le comprendre ? En le différenciant de l’espace où notre intelligence cherche spontanément ses repères. Le temps passe : c’est un lieu commun que les philosophes ont souvent médité.
On se figure alors le temps comme une ligne qui se trace (dans l’espace), un ruban qui se déroule (toujours dans l’espace). On le compare à un fleuve, à une flèche. On s’étonne que le présent, à peine annoncé, bascule déjà dans le passé qui n’est plus. Mais Bergson veut dire tout à fait autre chose. Cette succession universelle, il en cherche la raison profonde. Il ne peut se résoudre à en faire une condition subjective de notre appréhension des choses. Si tout n’est pas donné, c’est que les choses se font. Autrement dit, dans ce qui arrive, il se produit réellement du nouveau, ce dont témoigne, de façon exemplaire, l’évolution et l’activité du vivant. Il n’y a pas une réserve de possibles qui s’actualiseraient successivement au fil du temps, mais une « création continue d’imprévisible nouveauté », c’est-à-dire un mouvement continu d’actualisation qui est lui-même producteur de nouveaux possibles. Le temps ne fait pas que passer : il dure. C’est pourquoi rien ne peut être donné en bloc. Les choses prennent du temps ; elles se font selon des rythmes divers ; elles ralentissent et accélèrent ; elles hésitent, dit Bergson, et le temps est cette hésitation même. Le problème du temps, c’est donc l’expérience de la nouveauté, c’est-à-dire des devenirs multiples du monde. Et il revient au concept de durée d’articuler la dimension de la nouveauté à celle de la continuité : « transition ininterrompue, multiplicité sans divisibilité et succession sans séparation ». Ainsi la mémoire prolonge dans le présent le passé, dont on dit qu’il n’est plus ; le présent « ronge sur l’avenir et gonfle en avançant ». La durée ne se réduit nullement au « temps psychologique », bien qu’on ait raison de l’opposer au temps de la science (homogène et mathématique). C’est la condition de l’irruption du nouveau, dont témoignent l’élan vital (lire page 67) ou l’acte libre. Remarquons pour finir que la durée est toujours durée de quelque chose : il n’y a pas une « Durée », mais toujours des durées immanentes à des devenirs singuliers.

 

Intuition

On dit souvent que le bergsonisme est une philosophie de l’intuition. Mais Bergson insiste sur le fait que l’intuition est tout entière commandée par le souci de penser les choses « en durée », c’est-à-dire dans leur manière propre de changer. L’intuition se distingue de l’analyse par le rapport pour ainsi dire « interne » qu’elle entretient au mouvement et au changement. Au lieu de réfléchir sur son objet de l’extérieur, en le désarticulant et en le décomposant, elle en accompagne l’élan générateur et indivisible. Le concept d’intuition porte l’idéal d’une connaissance immédiate, qui serait une sorte de « contact » et même de « coïncidence ». C’est donc, paradoxalement, le concept d’une connaissance sans concepts, qui trouve ses modèles dans l’instinct et dans la pure réceptivité de nos sens. L’objet d’une telle connaissance n’est autre que la durée elle-même, comme réalité ultime ressaisie dans le processus même des choses. Mais si l’intuition est un acte simple, elle n’a rien d’évident. Elle réclame une réforme de notre manière habituelle de penser ; elle est une méthode. Bergson, qui savait manier l’épée, en donne un exemple simple. Prenez l’escrimeur en pleine action, voyez la direction changeante de ses mouvements, l’élan qui entraîne ses gestes. Lorsqu’il voit arriver sur lui la pointe de son adversaire, il sait que c’est la pointe qui a entraîné l’épée, l’épée qui a tiré le bras avec elle, le bras qui a allongé le corps en s’allongeant lui-même, et tout cela d’un seul mouvement. Placer les choses dans l’ordre inverse, c’est se livrer à la reconstruction artificielle et abstraite d’un mouvement unique, décomposé en phases discontinues pour les besoins de l’analyse. C’est parcourir à rebours le chemin frayé par le mouvement qui se fait.

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