Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Journée internationale des droits des femmes, 8 mars 2019. Jeunes manifestants devant la statue de la place de la République, à Paris. Une banderole affiche “Place des sorcières”. © Laure Boyer/Hans Lucas/AFP

Grand angle

Le renouveau de la sorcellerie

Octave Larmagnac-Matheron publié le 28 août 2021 3 min

40 % des moins de 35 ans croient à la sorcellerie – contre 25 % des plus de 35 ans : c’est le résultat, étonnant, d’un sondage réalisé par l’Ifop paru en décembre 2020. Cet engouement s’inscrit dans une fascination générale des plus jeunes générations pour les « parasciences » comme l’astrologie, la cartomancie ou encore la numérologie. La sorcellerie, cependant, occupe une place spécifique dans ce tableau qui inquiètera, sans doute à juste titre, les défenseurs du rationalisme : « On ne compte plus le nombre de films et de séries reprenant les thématiques de sorcellerie qui ont envahi nos grands et petits écrans depuis la fin des années 1990 : du triomphe de la saga Harry Potter à la vague "vampires et sorcières" impulsée par la série Charmed et la pentalogie Twilight », souligne la chargée d’études Louise Jussian. Ce à quoi il faut ajouter les innombrables relectures féministes des chasses aux sorcières – transfigurées en victimes de la société patriarcale et du positivisme intransigeant des Lumières. La complexité de la figure de la sorcière – loin de l’image d’Épinal de l’amante du diable – suscite, en tout cas, une curiosité croissante. Comment s’articulent les différentes strates d’interprétation qui façonnent la figure composite de la sorcière ?

 

La sorcière est une figure profondément ambiguë, sans cesse réinterprétée au fil des siècles. C’est, en un sens, cette profondeur herméneutique elle-même qui explique la fascination qu’elle exerce, plus actuelle que jamais. Ce millefeuille de significations se structure en différentes couches :

 

  • Le fond païen : les pratiques magiques de négociation avec les forces surnaturelles et de célébration des forces mystérieuses de la nature, héritées du paganisme, ont perduré en parallèle du christianisme, en particulier dans les campagnes. Elles ont conservé, comme toute pratique surnaturelle, leurs praticiens : envoûteurs, guérisseurs, etc.
  • La caricature chrétienne : le christianisme, s’est efforcé, à partir de la Renaissance, à discréditer les formes concurrentes de magie, en les réinterprétant dans le cadre théologique qui est le sien. Sorciers et sorcières deviennent bientôt des adeptes du diable, des disciples de Satan. L’image de la sorcière maléfique est l’héritière de cette transfiguration.
  • Le discrédit scientifique : les chasses aux sorcières coïncident avec l’avènement de la rationalité scientifique moderne, qui rejette peu à peu toute forme d’explication surnaturelle des mécanismes physiques régissant la nature. La sorcellerie devient dès lors une forme d’obscurantisme fait de superstitions et qui ne mérite pas le bûcher, mais qui doit être corrigé. Les critiques – modernes – de la scientificité conquérante y verront, au contraire, une source dans laquelle puiser pour renouer un rapport plus harmonieux avec la nature.
  • L’interprétation féministe : les sorciers sont, en fait, essentiellement des sorcières. Pourquoi donc ? Les féministes de la seconde moitié du XXe siècle y verront le signe de ce que les chasses aux sorcières constituent un moment décisif dans l’histoire de la domination patriarcale, mais aussi, indissociablement, dans l’émergence du capitalisme, qui prend son envol à la Renaissance.
  • La logique thérapeutique : sans se prononcer sur la véracité des croyances magiques, l’ethnopsychiatrie a souligné combien ces croyances informent le psychisme et influencent l’univers mental des individus. Ces croyances sont des outils d'interprétation essentiels pour comprendre les troubles psychiques et pour élaborer des pratiques thérapeutiques. 
De quoi la sorcière est-elle le nom ? Généalogie
Expresso : les parcours interactifs
Joie d’aimer, joie de vivre
À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
20 min
Sorcières : entre mythes et histoire
Octave Larmagnac-Matheron 28 août 2021

Alors qu'elle a fait un retour fulgurant dans le champ du féminisme contemporain, la figure de la sorcière « diabolique » a en réalité une…

Sorcières : entre mythes et histoire

Dialogue
15 min
Cécile de France, Charles Stépanoff. Chamanes, les chasseurs d’invisible
Martin Legros 22 octobre 2019

Tiré d’une histoire vraie, le film Un Monde plus grand (en salles le 30 octobre) voit Cécile de France interpréter une jeune Française qui s…

Cécile de France, Charles Stépanoff. Chamanes, les chasseurs d’invisible

Entretien
15 min
Camille Froidevaux-Metterie : “L’horizon du féminisme, c’est un monde où les femmes ne seraient plus des corps”
Cédric Enjalbert 27 avril 2023

Figure d’un renouveau du féminisme, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie a récemment fait paraître un premier roman, Pleine et Douce. Elle y…

Camille Froidevaux-Metterie : “L’horizon du féminisme, c’est un monde où les femmes ne seraient plus des corps”

Article
5 min
Axelle Jah Njiké : “Je crois en un féminisme qui émancipe de l’intérieur”
Joséphine Robert 02 mai 2022

Axelle Jah Njiké, créatrice du podcast Me, My Sexe and I, prône l’émancipation par l’intime. Journal intime d’une féministe (noire) (Au diable…

Axelle Jah Njiké : “Je crois en un féminisme qui émancipe de l’intérieur”

Entretien
15 min
Carlo Ginzburg : “L’historien est un avocat du diable”
Philippe Garnier 30 mai 2018

C’est l’un des plus grands historiens vivants. Son œuvre, traduite dans le monde entier, éclaire les vies minuscules de la Renaissance, hérétiques…

Carlo Ginzburg : “L’historien est un avocat du diable”

Bac philo
2 min
La démonstration
Nicolas Tenaillon 01 août 2012

La démonstration est un raisonnement qui permet d’établir une vérité. Systématiquement utilisée en mathématiques, elle procède par enchaînement logique en respectant des règles rigoureuses, sans quoi elle n’est pas valide. Elle…


Article
7 min
L’écoféminisme de Françoise d’Eaubonne
Octave Larmagnac-Matheron 29 juin 2021

Figure singulière et méconnue du féminisme français, la femme de lettres et militante Françoise d’Eaubonne (1920-2005), née…

L’écoféminisme de Françoise d’Eaubonne

Entretien
11 min
Isabelle Stengers : "La force transformatrice du féminisme"
Clara Degiovanni, Sven Ortoli,

À la croisée de l’écoféminisme, de l’intersectionnalité et de la pensée décoloniale, la philosophe Isabelle Stengers décèle des liens intimes entre la destruction de la nature par le capitalisme, la domination des femmes dans le système…


À Lire aussi
« Jésus et Satan poussent tous deux à l’imitation »
Par Stéphane Marcireau
août 2012
Tobie Nathan / Arnaud Desplechin. Rencontre du troisième type
Tobie Nathan / Arnaud Desplechin. Rencontre du troisième type
Par Catherine Portevin
août 2013
Tobie Nathan : « Pour soigner, il faut découvrir une face cachée du monde »
Par Patrick Williams
septembre 2012
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Le renouveau de la sorcellerie
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse