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Michel de Montaigne. © Domaine public

Extraits

Le moi, vu par Montaigne et André Comte-Sponville

publié le 01 septembre 2020 8 min

Nous remercions André Comte-Sponville et les éditions Plon, chez qui parait le Dictionnaire amoureux de Montaigne le jeudi 3 septembre, de nous autoriser à reproduire ce texte.

« [Le moi] est le grand absent des Essais, qui semblent ne parler que de lui, et ce paradoxe suffirait presque à le définir. 

“C’est moi que je peins”, dit pourtant Montaigne (I, “Au lecteur”, p. 3). Mais c’est tâche impossible, faute d’unité, de simplicité, de constance : “Nous sommes tous de lopins, et d’une contexture si informe et diverse que chaque pièce, chaque moment fait son jeu. Et se trouve autant de différence de nous à nous-mêmes que de nous à autrui” (II, chap. 1, p. 337). Aucun portrait n’est plus ressemblant, quelques décennies après qu’il fut peint (“Combien de fois ce n’est plus moi !”, III, chap. XIII, p. 1102). La littérature y parvient mieux, à condition de suivre pas à pas et cette hétérogénéité et cette inconstance – qu’à la condition donc, elle aussi, de changer toujours, de ne s’arrêter jamais, et de se contredire parfois (voir l’entrée “Cohérence”). 

Paradoxe de Montaigne : il peint un moi auquel il ne croit pas, qu’il ne cesse de “déconstruire”, comme on dirait aujourd’hui, pour mieux en faire ressortir les illusions, l’inconstance et la fragilité ! Il est (si l’on peut ainsi raisonner par anticipation) plus proche de Pascal que de Descartes, de Hume que de Kant. Le moi, pour lui, n’est nullement une substance, fût-elle pensante, ni une unité originelle, fût-elle transcendantale ou nouménale. Qu’est-il ? Non pas un être, ni une unité, mais une multiplicité intotalisable et fluctuante, ou un flux, pour mieux dire, sans autre unité que celle que la mémoire ou l’écriture peuvent, après coup, essayer de construire. Le “peindre”, comme fait Montaigne ? On ne le peut qu’indirectement, qu’au travers de ses “facultés”, de ses “humeurs”, de ses “cogitations”, de ses “inclinations et affections”, de ses “expériences” plus ou moins caractéristiques ou singulières – toujours de profil, si l’on veut, jamais de face ou immédiatement. 

D’ailleurs, comme le remarque mon très savant et très montanien ami Charles Larmore, “Montaigne n’utilise jamais le mot ‘moi’ comme substantif”, usage qui n’apparaîtra que plus tard, “peut-être chez Descartes et certainement chez Pascal”. En l’occurrence, continue le philosophe américain, “l’absence du substantif n’est pas accidentelle. Montaigne ne croit pas qu’il ait lui-même la consistance d’une substance. En tant qu’être pensant, il n’est que mouvement. Ce qui est la matière de son livre, c’est la variabilité, l’instabilité intrinsèque de ses opinions et de ses humeurs.” On ne saurait mieux dire, sauf à reprendre les mots mêmes de Montaigne : 

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