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Détail de l’affiche du festival Métis 2021 © Raphaël Barontini

Musique

Le fado, une nostalgie sans retour

Victorine de Oliveira publié le 04 septembre 2021 4 min

Le festival Métis à Saint-Denis, qui court jusqu’au 10 septembre, fait cette année honneur au fado, ce chant traditionnel portugais. Sa déclamation vibrante est l’un des clichés les plus vivants du Portugal : il est toujours possible, en se promenant dans les rues tortueuses du quartier d’Alfama à Lisbonne, de tomber sur un guitariste qui accompagne un ou une fadiste, plusieurs générations mêlées reprenant le refrain. Et le fado continue de susciter des vocations – les chanteuses Mariza, Cristina Branco, Lina Rodrigues, Katia Guerreiro ou encore Ana Moura. En écoutant du fado, on plonge dans les paradoxes de la nostalgie. Le chez-soi que l’on cherche à rejoindre existe-t-il ? Décryptage en musique.

Dire la nostalgie

Les origines du fado remontent au début du XIXe siècle. Entre les rythmes afro-brésiliens, le folklore rural portugais et les traditions plus citadines, le fado se nourrit d’influences aujourd’hui difficiles à démêler. On peut toutefois s’accorder sur un point : il transmet une émotion intense liée à une nostalgie dont l’objet n’est pas toujours défini, la fameuse notion de saudade. Dans La Nostalgie. Quand donc est-on chez soi ? (Éditions Autrement, 2013, rééd. 2018), Barbara Cassin tente de cerner ce sentiment qui n’est pas « simplement le mal du pays et le retour chez soi ». Certes, la nostalgie est liée au manque de ce que l’on considère comme son chez-soi, sa « patrie ». Mais cette patrie n’est pas nécessairement géographique et cernée de frontières. En lectrice d’Homère et de L’Odyssée, Barbara Cassin voit la source de la nostalgie dans la langue et dans sa possible perte. Aussi, « ce sentiment envahissant et doux » est-il « une fiction choisie qui ne cesse de donner les indices pour qu’on la prenne pour ce qu’elle est, une fiction adorable, humaine, un fait de culture. » Le fado est ainsi indissociable de la langue portugaise et des récits des poètes portugais.

La nostalgie du retour

« La patrie n’a rien d’une évidence, elle ne fait pas preuve d’elle-même […] Quand donc reconnaît-on pour de bon son île ? On la reconnaît, je crois, parce qu’on y est reconnu, c’est-à-dire qu’on y a son identité », propose Cassin. Pour cela, il faut être parti, avoir voyagé, parfois longuement comme Ulysse. Nombre de fados ont pour thème le départ de l’être cher dont on n’est pas sûr s’il reviendra un jour, l’amour perdu, l’abandon, la beauté en même temps que la cruauté de la mer. Avec cette nuance que o mar, la mer en portugais, est masculin : elle est donc moins nourricière que fascinante et destructrice, difficilement pourvoyeuse de reconnaissance. C’est au fond pour combler cette attente et le manque que le, ou la, fadiste chante. 


 

Canção do mar (« Chanson de la mer »), par Amália Rodrigues. Surnommée « Rainha do Fado » (« la reine du fado »), Amália Rodrigues (1920-1999) est sans conteste la plus grande figure du fado et a contribué à largement populariser ce genre musical tout au long du XXe siècle.

 

Sous la dictature de Salazar, les fados les plus populaires (et autorisés) sont moins ceux qui ont chanté la douleur de l’exil que la joie du retour, voire la fierté d’une forme d’enracinement. Le plus célèbre d’entre eux, encore populaire aujourd’hui, est Uma casa portuguesa (« Une maison portugaise »), qui vante la « joie de la pauvreté » et les mérites d’un peuple « humble », qui se contente « de pain et de vin sur la table » et du « soleil du printemps »… Le fado n’est alors plus une quête d’identité, mais une revendication identitaire.

 

 

Uma casa portuguesa, par Amália Rodrigues

L’impossible chez-soi

Si la nostalgie trouve son soulagement dans le retour, la saudade, elle, ne connaît jamais de repos. C’est peut-être cette impossible tranquillité, ou intranquillité, pour reprendre un néologisme de Fernando Pessoa, qui a sauvé le fado de toute tentative de récupération politique. Aujourd’hui, il se combine parfois à d’autres genres musicaux pour tenter encore et toujours de rentrer au port sans jamais y parvenir tout à fait. 

 

 

Gaivota (« Mouette »), par Lina Rodrigues et Raül Refree

 

Le Festival Métis Plaine Commune se tient à Saint-Denis (93) jusqu’au 10 septembre 2021. 

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