Le carré d’une idée
S’il est un concept étrange, controversé et dont l’origine est difficile à établir, c’est bien celui de surfascisme : nous ne savons pas qui en est exactement l’auteur, certains soutiennent qu’il s’agit de Georges Bataille, d’autres de Jean Dautry, mais il est certain que ce néologisme a jailli comme une étincelle au cours des discussions animées qui se sont déroulées au sein de l’Union de lutte des intellectuels révolutionnaires, à laquelle participaient Bataille mais aussi André Breton, Pierre Klossowski ou encore Paul Éluard. Cette union a publié une éphémère revue, Contre-Attaque, entre octobre 1935 et mai 1936, avant de se déchirer autour de la question du surfascisme, précisément.
La logique qui se cache derrière ce terme est assez simple : il s’agit de détruire un courant de pensée, en l’occurrence le fascisme, en l’amplifiant et en le détraquant de l’intérieur. De même, il ne fait pas de doute que le surréalisme est une entreprise de destruction du réalisme, mais non un antiréalisme : les surréalistes, en effet, étaient en prise avec leur temps, ils se servaient volontiers des objets glanés dans les brocantes, des slogans publicitaires, des extraits de journaux et des comédies de boulevard, ils étaient donc, à l’instar des artistes réalistes, d’infatigables observateurs. Cependant, leur intention était de faire voler en éclats le matériel brut de leurs observations, à force de recycler les symboles, de les coller selon leur caprice, d’y injecter de l’onirisme. Cette volonté de subversion d’une idée par son passage au carré peut-elle être transposée à tous les domaines ? On peut en effet rêver à ce que pourraient être un suramour, une surliberté, une surdémocratie, un surhomme et bien plus encore une surfemme…
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