La parole est à l’accusation !
« Polanski violeur, cinémas coupables ». Sous ce mot d’ordre, des manifestantes ont bloqué l’accès au cinéma Le Champo, à Paris, où était prévue une avant-première de J’accuse, le vendredi 8 novembre, cinq jours avant la sortie du film.
Alors que son réalisateur, Roman Polanski, est de nouveau accusé de viol par la photographe Valentine Monnier dans une tribune parue dans Le Parisien, les militantes féministes estiment impossible de continuer à se cacher derrière la distinction entre l’homme et l’artiste, qui n’est pour elles qu’une façon d’éviter le sujet.
C’est pourtant Adèle Haenel qui avait invité, au Festival international du film de La Roche-sur-Yon (Vendée), à ne pas censurer le film, mais à l’accompagner d’un débat sur « la différence entre l’homme et l’artiste, et les violences faites aux femmes ». L’actrice a elle-même très récemment pris la parole sur Médiapart pour dénoncer le harcèlement sexuel dont elle accuse le metteur en scène Christophe Ruggia.
Réunissant une distribution prestigieuse, mené comme un thriller battant en brèche la vision rétrospective d’une France coupée en deux, J’accuse relate avec talent l’injustice faite au capitaine Dreyfus, pour des raisons antisémites.
Or Roman Polanski ne cache pas trouver des similarités entre ce scandale judiciaire historique et… sa propre situation – le cinéaste est en effet poursuivi aux États-Unis et considéré par Interpol comme un fugitif depuis 1978, après son implication dans une affaire d’abus sexuel sur mineur.
L’analogie lui revient en face, puisque l’accusation change de camp. Le réalisateur n’est finalement ni la victime ni le vaillant dénonciateur d’une injustice. Il est au rang des accusés, parmi les tenants d’un certain pouvoir social et de domination, qui aujourd’hui vacille.
Le film n’invite donc pas tant à considérer le rapport entre l’homme et l’artiste, selon le vœu d’Adèle Haenel, mais entre l’œuvre et son créateur. Car en faisant voler le silence en éclat et en reversant l’accusation, J’accuse produit bien un effet de vérité, mais qui échappe à son auteur et se retourne contre lui. Et si c’était le pouvoir d’une véritable œuvre d’art ?
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