La France vire à droite… sur les valeurs
Dans Les Idées politiques de la France, le critique Albert Thibaudet (1874-1936) a proposé un schéma d’interprétation du mouvement des idées politiques qui – Occupation mise à part – a paru valide de la Révolution à nos jours. Il opposait le « mouvement sinistrogyre » de la politique, qui la faisait glisser toujours plus à gauche – grâce notamment à l’école –, au penchant oppositionnel et conservateur des lettres françaises, qui, de Chateaubriand à Barrès (et Houellebecq ajouterait-on aujourd’hui), et malgré Zola et Sartre, étaient animées par une tendance conservatrice ou réactionnaire. « Les idées de droite, écrivait Thibaudet, exclues de la politique active, rejetées dans les lettres, s’y cantonnent, y militent, exercent par elles, tout de même, un contrôle, exactement comme les idées de gauche le faisaient dans les mêmes conditions au XVIIIe siècle, ou sous les régimes monarchiques. » Ce partage des rôles entre politique et culture n’est-il pas en train d’exploser ? C’est la question que l’on se pose à la lecture du numéro 191 de la revue Le Débat (Gallimard, septembre-octobre 2016) consacré à la « droitisation » paradoxale de la vie politique française.
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À écouter les discours de campagne, les valeurs de gauche et de droite semblent se confondre. Mais un retour sur les fondements de l’opposition gauche-droite montre qu’elle demeure un repère dans l’espace politique.
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