La fin de Dieu en neuf textes philosophiques
51% des Français ne croient pas en Dieu : c’est le résultat du dernier sondage Ifop sur la religiosité des Hexagonaux. Un seuil symbolique est désormais franchi. Mais le chiffre paraît, au fond, confirmer une tendance de long terme que les philosophes se sont efforcés de comprendre. Florilège.
Les grandes révolutions politiques et économiques qui marquent l’entrée dans la modernité s’accompagnent d’un frisson. Hegel évoque « le sentiment que Dieu lui-même est mort ». Heinrich Heine parle d’un « Dieu mourant ». De l’autre côté du Rhin, Gérard de Nerval émet une hypothèse inquiète : « Peut-être que Dieu est mort… » L’angoisse théologique d’un monde en plein bouleversement rappelle celle du monde grec déclinant qui, dans la bouche de Plutarque, tient en une formule : « Le grand Pan est mort ». Pan, le Tout. Le tout du monde vacille. Les philosophes contemporains de cette métamorphose se sont efforcés de penser cette grande transformation : celle de la disparition des dieux et du sacré.
Auguste Comte : la loi des trois états et l’âge scientifique
« Les sciences ont affranchi l’esprit humain de la tutelle exercée sur lui par la théologie et la métaphysique et qui, indispensables à son enfance, tendaient à la prolonger indéfiniment », écrit Comte dans ses Considérations philosophiques sur la science et les savants (1825). Figure majeure du positivisme, le penseur considère qu’un progrès irrésistible conduit l’humanité à renoncer, progressivement, aux « fictions » de « l’âge théologique », puis aux constructions « abstraites » de « l’âge métaphysique » pour atteindre sa pleine maturité dans « l’âge scientifique ». Il n’est plus question de se demander « pourquoi », mais seulement « comment » fonctionne le monde. Aux êtres surnaturels ou divins, la pensée substitue progressivement « l’invariabilité des lois naturelles ».
Marx : la fin de l’aliénation
« La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple. » L’affirmation de Karl Marx, issue de la Critique de la philosophie du droit de Hegel (1844) est tout aussi célèbre que celle de Nietzsche. Du point de vue du père fondateur du communisme, la religion fait pleinement partie de la superstructure idéologique mobilisée par les classes dominantes pour soutenir, dans les esprits, l’infrastructure matérielle d’exploitation et d’aliénation des travailleurs. Tout mouvement social, pour parvenir à une authentique émancipation, doit aussi lutter contre l’asservissement des esprits. La libération à l’égard des dieux et des Églises n’est pas automatique : elle est inséparable d’une lutte – matérialiste. Mais elle est tout de même investie, comme l’est la lutte des classes et l’effondrement du capitalisme, d’une certaine nécessité historique.
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