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Culture

La calligraphie arabe, harmonie de la main et de l’esprit

Octave Larmagnac-Matheron publié le 11 janvier 2022 3 min

C’est l’une des dernières entrées dans la liste des joyaux de l’Unesco : la calligraphie arabe a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Le poète allemand Goethe, auteur du Divan occidental-oriental, aurait certainement approuvé : « Aucune langue n’a eu le destin de cette harmonie entre l’âme, le mot et la calligraphie comme cela est dans la langue arabe », affirmait-il y a deux siècles. La « belle écriture » (kállos grapheîn, κάλλος γραφεĩν) arabe était, pour l’écrivain, le modèle d’un art scriptural marquant au plus haut point la coïncidence du sens, des lettres et des sons. À quoi tient cette grâce si particulière ? 

 

  • Pour le poète et calligraphe Ghani Alani, la question n’est pas seulement esthétique, elle ne se réduit pas à l’élégance des lignes et des courbes, des pleins et des déliés. « Expliquer cet art sans rendre perceptible la spiritualité qui imprègne la philosophie musulmane et le principe de l’unité serait décrire la lettre en omettant l’esprit », écrit-il dans un article publié sur Persee.fr. Ce principe d’« unité spirituelle caractéristique de la civilisation musulmane », qui se fonde sur une variété de moyens d’expression régis par les mêmes proportions, infuse le khatt (خط), la calligraphie arabe : « L’unité de mesure de la lettre et l’unité de temps de la psalmodie établissent des correspondances entre la musique des paroles et la ligne calligraphique. » Taille des lettres et durée des sons se répondent. « Ligne auditive » et « ligne écrite » sont « sœurs » : elles s’enroulent pour former une « harmonie entre le graphisme et le chant ». L’artiste-calligraphe doit être un peu musicien, un peu mathématicien, un peu peintre... La calligraphie réalise l’harmonie des facultés.
  • Plus que tout autre chose, le calligraphe doit parvenir à cet équilibre singulier entre une fonction utilitaire et une dimension esthétique pure : l’utile devient beau. Alani poursuit : « La forme de la lettre arabe comporte une partie utile, nécessaire et suffisante pour la lecture et l’écriture, et une partie décorative complémentaire, gratuite, dont le cours reste libre dans la main de l’artiste, allant jusqu’à rendre la lettre figurative quand elle apparaît dans diverses attitudes : debout, allongée, courbée […] Cette partie complémentaire se prolonge, se raccourcit, emprunte la trajectoire de son choix. » Le ou la calligraphe écrit de droite à gauche, respectant un plan horizontal, tandis que « la composition calligraphique se déploie dans le sens qui l’agrée ».
  • Au fil de la plume (ou plutôt, du calame), « le va-et-vient […] tisse le texte animé par l’esprit de l’artiste », presque comme une tapisserie qui tient à la fois de l’universel du sens et de la singularité du trait. « Le calligraphe […] entaille lui-même le calame, lui donnant ainsi l’empreinte de son corps. » L’outil n’est pas un simple instrument, mais le prolongement même de l’humain, « prolongement de la main qui est la continuation du corps et de l’esprit », précise Ghani Alani. Tailler sa pointe est un art dans l’art : celui de parvenir à la coupe parfaite, celle qui permettra un tracé sans aucun accroc, un mouvement sans « grincement », une expression juste.
  • Cette expression est « une parole qui engage le corps, la sensualité avec la rationalité, le silence, la parole environnée d’ombre, le signe contenu dans le regard, les gestes, les postures, les actions ». Signe tracé qui ne traduit pas a posteriori, un contenu de pensée abstrait, idéal, qui lui préexisterait, mais une pensée qui se déploie dans le geste même. Pensée qui ne s’apprend pas dans les livres, mais dans l’observation et l’imitation du maître par le disciple – dans la présence du maître qui donne à voir, à entendre, à comprendre cette parole vivante, sorte de voix écrite, qu’est la calligraphie.
  • La calligraphie arabe constitue bien un patrimoine. Son art traditionnel se transmet de génération en génération. Elle est en même temps un héritage vivant que chaque disciple ne peut apprendre sans le faire sien, sans se l’approprier comme chaque individu s’approprie, d’une voix singulière, le langage. Le patrimoine calligraphique ne cesse de s’enrichir dans sa transmission. Il n’est pas figé. Mais n’est-ce pas, au fond, le propre de tout patrimoine ?
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