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Boris Johnson à Londres, en juin 2016. © Mary Turner/Pool/Reuters

Tribune

Julian Baggini : “BoJo, ou l’art de performer sur du vide”

Julian Baggini publié le 12 juillet 2022 3 min

Au lendemain de la démission du Premier Ministre britannique de la tête du Parti conservateur, le philosophe anglais Julian Baggini dresse le portrait en forme de bilan d’un rhéteur qui était capable de soutenir tout (le Brexit) et son contraire (le Remain) et n’avait même pas, à la différence de Trump, de programme politique disruptif.

 

« En 2016, deux jours avant que Boris Johnson n’annonce son soutien à la campagne pour que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne dans une chronique de journal, il en écrivait une autre défendant le fait d’y rester. Lorsque l’annonce de cette deuxième chronique s’est diffusée, Johnson a déclaré que défendre deux positions s’affrontant dans un débat avant de s’engager pour l’une ou l’autre était un bon exercice intellectuel.

Si seulement Johnson était un homme d’une telle intégrité intellectuelle ! Il est cependant évident qu’il n’en est rien. Quelqu’un qui aurait pris conscience de l’une et l’autre des positions n’en serait jamais venu à soutenir une version aussi extrémiste de l’une des deux, comme lui l’a fait. Personne d’aussi pro-Brexit que l’est devenu Johnson n’aurait pu dire, seulement quatre ans auparavant : « Je serais tout-à-fait prêt à essayer de faire valoir certaines des choses positives qui ont découlé du marché unique. »

Les deux tribunes de Johnson révèlent quelque chose d’important sur la façon dont fonctionne l’esprit de cet homme. Il est un produit caricatural d’Eton, l’école privée la plus élitiste d’Angleterre dont la scolarité confère à ses anciens élèves le sentiment d’être autorisé à gouverner. Comme Oxford, l’université que Johnson a fréquentée, l’établissement possède une longue tradition de débats formels, dans lesquels l’objectif n’est pas d’avoir raison mais d’être persuasif.

Johnson n’est rien d’autre qu’un débatteur habilité, quelqu’un qui ne s’intéresse qu’à sa propre réussite personnelle, et voit les arguments en faveur de telle cause uniquement comme des outils pour parvenir à ses fins. Il est dépourvu de tout caractère moral. C’est pourquoi il a menti avec une fréquence et une impudence effarantes. Lorsqu’il a finalement démissionné, le journal The Mirror a publié une liste de cinquante de ses contre-vérités les plus flagrantes – une estimation prudente étant donné que, six ans plus tôt, le journal répertoriait soixante mensonges.

Comme d’autres leaders populistes, Johnson s’est nourri du mécontentement généralisé envers les élites et les systèmes politiques. Ce qui le rend différent, c’est que non seulement il est le pur produit de l’establishment, mais qu’il n’a jamais proposé de programme politique véritablement disruptif. Même Donald Trump avait en quelque sorte une vision – un protectionnisme façon « l’Amérique d’abord », soutenu par un cynique mercantilisme international. Si Johnson est un perturbateur, c’est seulement en raison de sa personnalité, puisqu’il est prêt à faire fi de tous les principes et convenances pour se mettre en avant.

Le fait qu’il ait pu aller si loin, et se maintenir si longtemps au pouvoir, est un signe accablant de l’actuel état de santé de la démocratie britannique. L’ancien gouverneur de l’État de New York, Mario Cuomo, aurait un jour déclaré que les hommes politiques doivent faire campagne avec poésie, et gouverner en prose. Johnson a fait la campagne d’un amuseur télé bas de gamme, et a gouverné exactement de la même manière. Pour chaque personne consternée par la situation s’en trouvait une autre pour applaudir, ou simplement hausser les épaules avec indifférence. C’est, sans doute, la fin de Boris Johnson. Reste à savoir s’il est le premier politicien d’une longue lignée de performeurs sans aucune substance. »

Traduit par Octave Larmagnac-Matheron
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