Jean-Luc Nancy sur l’antisémitisme : “Désavouer l’inavouable”
Jean-Luc Nancy nous a quittés l’an dernier. Dans un entretien avec Danielle Cohen-Levinas mené peu avant sa disparition, le philosophe tentait de comprendre pourquoi l’antisémitisme restait un phénomène civilisationnel irréductible. Face à la banalité de l’antisémitisme, le philosophe de la déconstruction ne pouvait que constater combien il persiste et résiste à tous les opprobres. Un regard lucide et désenchanté qui prolonge une ancienne tradition philosophique, incarnée entre autres par les écrits de Jean-Paul Sartre et Hannah Arendt.
Jean-Luc Nancy a beaucoup écrit sur l’antisémitisme, notamment dans son livre Exclu le juif en nous (Galilée, 2018). Dans son livre posthume La Haine des Juifs (Éditions du Cerf, 2022), le philosophe, figure centrale du mouvement de la « déconstruction » avec Philippe Lacoue-Labarthe et Jacques Derrida, revient sur la tâche qu’il s’était fixée dans son travail : « désavouer cet inavouable » de l’antisémitisme. Comment comprendre que le Juif soit porteur de toutes les tares et auteur de tous les maux ? Comment interpréter ce fait que le Juif se retrouve en position d’être ce qu’il appelle un « agent auto-immune » menaçant le corps de l’Occident alors même qu’il en est une part constitutive ?
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