Je n’ai pas le temps
Dans l’avoir, comme dans l’être, ce qui est véritablement en jeu, c’est une protestation contre la mort.
Dans l’avoir, d’abord : il y a très peu d’objets que je conserve précieusement avec moi, et dont la perte me serait réellement douloureuse. De plus, aucun de ces objets n’a de valeur marchande. Il s’agit de quelques photos, de quelques pierres ou jouets, d’une statuette ou d’une montre qui appartenaient à des personnes aimées et disparues. Nous vivons, certes, à l’époque de la société de consommation, mais, pour ma part, tout se passe comme si j’avais intégré le cycle du produit, comme si l’obsolescence programmée des objets manufacturés, dont je suis conscient, m’empêchait de m’attacher à eux : c’est pourquoi je n’ai pas d’affection particulière pour mon ordinateur, mon manteau, mes chaussures, ni pour les autres biens marchands que je possède. Tous ces objets-là, je sais que je devrai, un jour ou l’autre, les jeter parce qu’ils seront abîmés, et en changer. Ils ne m’intéressent pas, vu que je leur survivrai. À l’opposé, les choses auxquelles je tiens vraiment semblent avoir réchappé comme par miracle à ce cycle de consommation-destruction : la valeur que je leur trouve vient de ce qu’ils me relient à des époques anciennes de ma vie ou à des proches. Ils me prémunissent contre le sentiment que tout se corrompt et disparaît. J’ai, par exemple, au fond du tiroir où je mets mes chaussettes, un bonnet en laine que je portais à l’école maternelle. Si cette armoire brûlait, c’est la perte de ce bonnet que je regretterais. Même chose pour mes chers défunts, car les quelques restes que j’ai d’eux étayent le souvenir et assurent qu’ils ont existé. Ainsi, l’avoir, protestation contre la mort, joue sur l’une des deux modalités du temps humain : la durée.
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