Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Manifestation pour la Journée internationale des femmes a Lyon (69), le 3 mars 2022. © Norbert Grisay/Hans Lucas/AFP

Entretien

Irène Théry : “Il y a aussi une histoire féminine de #MeToo”

Irène Théry, propos recueillis par Caroline Pernes publié le 24 octobre 2022 11 min

Cinq ans après #MeToo, quel bilan peut-on tirer du mouvement ? Nous avons posé la question à la sociologue Irène Théry, autrice de Moi aussi. La nouvelle civilité sexuelle (Éditions du Seuil, 2022). Elle inscrit cette libération de la parole dans un grand récit historique, marqué par trois révolutions.

 

Dans votre dernier ouvrage, Moi aussi. La nouvelle civilité sexuelle, vous vous écartez de la distance traditionnellement adoptée par le sociologue. Pourquoi vous semblait-il important d’apporter votre témoignage ?

Irène Théry : Sur certains sujets, seul le témoignage en première personne permet de partager une expérience. Dans le cas de #MeToo, c’est clairement la multiplication des « moi aussi » qui a permis que des expériences individuelles jusqu’alors reléguées dans le privé deviennent une vaste question sociale. J’y ai participé : dès le premier jour de l’affaire Weinstein, j’ai écrit « Moi aussi » sur ma page Facebook. Je pensais alors que mon statut de sociologue me commandait de me borner à ces deux mots et un âge, 8 ans. Mais plus tard, on m’a demandé, en direct à la radio, ce qui m’était arrivé. Et là, j’ai fait l’expérience de la difficulté de raconter une agression sexuelle qu’on a subie. Pourtant, je ne risquais pas que mon récit soit immédiatement disqualifié. J’ai été agressée par un inconnu : personne ne prétendra, « parole contre parole », que j’étais consentante. J’étais petite, donc il n’y aura pas l’équivalent du « elle l’a bien cherché » qui frappe les femmes adultes. J’ouvre mon livre par le récit de cette agression pour faire comprendre pourquoi, même dans ces conditions, parler est si difficile, et me solidariser avec celles qui risquent beaucoup à témoigner. Le témoignage n’est cependant pas la vérité ultime de #MeToo : le contexte socio-historique est nécessaire pour que la diversité des cas et les débats qu’ils suscitent deviennent intelligibles. Dans ce livre, je mets en scène une sorte de dialectique entre les deux logiques.

“La parole est toujours relationnelle” Irène Théry

 

Vous affirmez que “le centre de gravité de #MeToo est en réalité la réception”. Pensez-vous que le mouvement a changé la manière dont nous prenons en compte la parole des victimes ?

La parole est toujours relationnelle. Si vous ne parlez pas d’un viol, ce n’est pas parce que vous êtes bloquée entre vous et vous-même : c’est parce qu’il y a quelque chose qui rend difficile ou impossible la relation d’interlocution. Ce que vous pourriez dire n’a pas de place dans le « récit social » ordinaire, par lequel la société se rend compte à elle-même de ce qui lui arrive. #MeToo découvre un continent caché de violences sexuelles allant du harcèlement au viol, avec des délits et des crimes restés non dits et/ou impunis. Mais il y a aussi un nouvel horizon d’attente de jeunes femmes, nées dans un monde qui se voulait déjà égalitaire, et qui ont expérimenté les limites de cette égalité. On parle partout du côté masculin de #MeToo et c’est normal : où en est le machisme ? Quelles sont les conceptions masculines ? Mais il y a aussi une histoire féminine de #MeToo. Ma génération a beaucoup fait pour l’égalité des sexes. Mais il faut le reconnaître, nous avons accepté comme une sorte de fatalité la dissymétrie entre sexualité masculine et sexualité féminine : « il propose, elle dispose », « il importune, elle se défend ». Ma génération voulait participer d’une idée de la sexualité plus libre, mais si une fille se trouvait en situation de céder sans consentir, en général, elle s’en prenait à elle-même : « Je n’aurais pas dû monter chez lui », et on se sentait honteuses de s’être mises dans le pétrin... Les jeunes générations féministes ne considèrent plus qu’il y ait une quelconque fatalité à ces « passages à la casserole », comme on disait, et encore moins que les femmes seraient responsables d’avoir été victimes !

Expresso : les parcours interactifs
Les mots pour dire « je t'aime »
Pourquoi est-ce si difficile d'exprimer notre amour avec justesse et élégance ? Bergson nous montre que le langage lui-même peine à restituer l'immense diversité de nos sentiments.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
2 min
Irène Théry : “Quelle vérité veut-on, peut-on, doit-on connaître ?”
Catherine Portevin 20 juin 2016

Décalogue 4, “Tu honoreras ton père et ta mère”, vu par Irène Théry.


Article
3 min
Irène Théry : “Je suis favorable à la création d’un ‘crédit de véracité’ pour les victimes”
Octave Larmagnac-Matheron 18 février 2021

Comment prouver la culpabilité de quelqu’un en l’absence de témoins ? La question se pose dans les affaires d’agression sexuelle, car elles se…

Irène Théry : “Je suis favorable à la création d’un ‘crédit de véracité’ pour les victimes”

Article
5 min
La jouissance féminine : tout sauf un “continent noir” ?
Octave Larmagnac-Matheron 02 avril 2022

Les hommes jouissent en moyenne plus que les femmes : c’est le résultat d’une étude sociologique menée par une équipe de chercheurs canadiens…

La jouissance féminine : tout sauf un “continent noir” ?

Article
3 min
Le couple, matière extensible
Catherine Portevin 09 juillet 2012

Selon la sociologue Irène Théry, chacun peut choisir sa façon de vivre à deux. C’est pourquoi, le couple redevient un idéal. À condition de parer…

Le couple, matière extensible

Article
4 min
Irène Frachon. Le cri du care
Marine Le Breton 26 novembre 2014

[Mon cœur, adapté de la trajectoire d’Irène Frachon, est présenté au Théâtre des Bouffes du Nord (Paris) jusqu’au 1er avril 2017] Pneumologue…

Irène Frachon. Le cri du care

Bac philo
2 min
L’histoire
Nicolas Tenaillon 01 août 2012

On peut donner deux sens au mot histoire : ce que l’homme a vécu, et le récit qu’il en fait. En tant que récit, l’histoire suppose l’écriture, dont l’invention marque le passage de la préhistoire à l’histoire. Tournée vers le passé,…


Article
10 min
Élisabeth Badinter : “Les femmes, plus que les hommes, sont traversées par des divisions irréductibles”
Martin Legros 13 novembre 2020

Dans son dernier livre, Les Conflits d’une mère (Flammarion, 2020), Élisabeth Badiner revient sur la vie de Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780),…

Élisabeth Badinter : “Les femmes, plus que les hommes, sont traversées par des divisions irréductibles”

Article
5 min
Manon Garcia : “La Castafiore, c’est la puissance féminine que les hommes redoutent”
Martin Legros 21 décembre 2020

Si elle n’existait pas, on pourrait dire que Hergé a exclu les femmes du monde de Tintin. Sauf qu’il y a Bianca Castafiore, le « rossignol…

Manon Garcia : “La Castafiore, c’est la puissance féminine que  les hommes redoutent”

À Lire aussi
Camille Froidevaux-Metterie. Le tournant génital du féminisme
Camille Froidevaux-Metterie. Le tournant génital du féminisme
septembre 2018
Picasso à l'heure de #MeToo
Picasso à l'heure de #MeToo
Par Antony Chanthanakone
juillet 2022
Isabelle Queval: “Dans le sport, il y a une lutte à mener pour les femmes”
Isabelle Queval: “Dans le sport, il y a une lutte à mener pour les femmes”
Par Isabelle Queval
juin 2019
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Irène Théry : “Il y a aussi une histoire féminine de #MeToo”
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse