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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Ava Sol/Unsplash

Entretien

Élisabeth Badinter : “Les femmes, plus que les hommes, sont traversées par des divisions irréductibles”

Élisabeth Badinter, propos recueillis par Martin Legros publié le 13 novembre 2020 10 min

Dans son dernier livre, Les Conflits d’une mère (Flammarion, 2020), Élisabeth Badiner revient sur la vie de Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780), la femme la plus puissante du XVIIIe siècle, avec une question : comment a-t-elle fait pour élever personnellement ses treize enfants tout en dirigeant l’Empire ? Comment assumer la division entre son rôle de mère, de femme et de souveraine ? Un parcours d’une grande actualité, à l’heure de #metoo et des nouvelles revendications féministes.

 

Votre livre fait le récit de la manière dont Marie-Thérèse d’Autriche a élevé ses treize enfants, conjuguant la préoccupation pour leur avenir dans le monde avec un souci tout nouveau pour leur éducation et leur développement personnel. Pourquoi vous êtes-vous à nouveau penchée sur le destin de cette femme, auquel vous aviez déjà consacré votre précédent livre ? 

Élisabeth Badinter : Dans Le Pouvoir au féminin, paru en 2016, je m’étais déjà intéressée à la manière dont Marie-Thérèse avait réussi à conjuguer son rôle d’épouse, de mère et d’impératrice, comment elle avait réussi à articuler les « deux corps du roi » selon la formule de Ernst Kantorowicz [lire notre article] : le corps individuel de la femme et le corps politique de l’impératrice. Selon moi, elle avait ainsi anticipé un élément central du féminisme moderne dont la difficulté a été d’articuler les différents rôles, de femme, de mère, de citoyenne, d’inventer un nouveau pouvoir, le pouvoir au féminin. Mais en m’attachant de près à cette femme, en lisant sa correspondance, les témoignages officiels et intimes sur elle, j’ai découvert qu’elle avait également anticipé la maternité moderne, au sens du souci quotidien pour l’éducation et le devenir des enfants. Je m’intéresse depuis longtemps à l’histoire de la maternité, au surgissement de l’amour pour les enfants au XVIIIe siècle. Marie-Thérèse incarne une étape importante dans cette histoire de la sensibilité maternelle, le moment où, dans les sphères dominantes, le soin au jour le jour des enfants, jusque-là sous-traité à des éducateurs, en est venu à être pris en charge directement par les mères. De sorte qu’elles ont éprouvé des sentiments beaucoup plus forts pour leur progéniture. Alors même qu’elle n’avait pas de modèle familial – sa propre mère avait été absente – et que Rousseau n’avait pas encore invité tous les parents à prendre en charge l’éducation de leurs enfants, comme il le fera dans l’Émile en 1762, Marie-Thérèse a inventé la maternité moderne. 

 

“Il n’y a pas de mère ni de père parfait. C’est aussi rare qu’un Mozart. Qu’est-ce qu’être une bonne mère ou un bon père ? C’est celui qui se demande ce qu’il a raté. Et qui l’assume”

Vous aviez publié un essai sur le monde contemporain, Le Conflit. La femme et la mère (Flammarion, 2010) où vous dénonciez la tendance à réassigner les femmes à leur corps et à leur rôle de mère. Vous intitulez votre dernier livre Les Conflits d’une mère. Pourquoi ce terme récurrent ? 

Parce que les femmes, plus que les hommes, sont traversées par des divisions irréductibles. Prenez Marie-Thérèse. Voilà une femme charmante et merveilleuse – toutes les dépêches d’ambassadeur l’attestent dans toute l’Europe – qui apparaît comme un modèle de diplomatie et de psychologie, qui séduit absolument tous ceux qui l’approchent. Et pourtant, avec ses enfants, ce ne sont que tensions et conflits incessants, alors même qu’elle s’en occupe comme aucune autre souveraine de son temps. À sa mort, elle laisse une famille déchirée par les conflits entre ses enfants qui se détestent et se jalousent les uns les autres. 

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