Héloïse, l’abbesse de l’amour libre
Forte d’une formation riche pour l’époque, Héloïse impressionne par son intelligence et par son savoir. Abélard, un philosophe renommé, tombe sous son charme. Entre eux se noue une passion aussi charnelle que spirituelle. Les lettres qui en témoignent dessinent les contours d’un amour libre, qui fait fi du mariage.
Héloïse naît vers 1092, et grandit parmi les bénédictines d’Argenteuil qui lui enseignent la lecture. Grâce à son oncle, le chanoine Fulbert, elle devient l’unique femme de son temps à avoir suivi l’enseignement des arts libéraux. Fulbert lui fait encore découvrir le genre de la correspondance amoureuse, à travers l’œuvre de son ami, Baudri de Bourgueil, chroniqueur et prélat. C’est vers 1110 qu’elle rencontre Abélard, le philosophe renommé : entre eux, des liens amoureux se tissent – notamment à travers la correspondance qu’ils entament en 1114. Héloïse y analyse les méandres singuliers du désir féminin ; pour elle, céder au désir n’est pas une faute morale si cet abandon n’est accompagné d’aucune intention perverse. Héloïse invente ainsi une forme d’amour libre, affranchi des règles sociales. Un amour d’abord intellectuel, marqué de dilectio, d’estime, auquel se mêle une brûlante passion : « j’allais parfois jusqu’à la frapper, coups donnés par amour, […] par tendresse ».
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