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Sur le site d’une filature se tient aujourd’hui le musée du Textile et de la Vie sociale, intégré à l’écomusée de l’Avesnois. © Éric Flogny pour PM.

Dossier/Comment la droite s’est emparée des esprits

Fourmies : grandeur et décadence d’un bastion de la gauche

Nicolas Gastineau publié le 17 février 2022 11 min

Le virage à droite ne s’est pas fait qu’au niveau culturel, il a aussi des bases matérielles. Pour le comprendre, notre reporter s’est rendu à Fourmies, dans le Nord, une ville où les idéaux socialistes n’ont pas résisté à la désindustrialisation.

 

1er mai 1982, Journée internationale des droits des travailleurs. Ambiance de début de règne pour la gauche française : le socialiste François Mitterrand a été élu il y a un an, et le gouvernement compte quatre ministres communistes. Partout en France, les drapeaux rouges et les formations syndicales plastronnent. Mais, aux grands rassemblements parisiens, le Premier ministre Pierre Mauroy préfère la cérémonie qui se tient dans une ville ouvrière de 15 242 habitants, au cœur de son Nord natal : Fourmies. Le 1er-Mai y est un souvenir de sang, puisqu’en 1891, face aux grévistes, l’armée affolée tire sur la foule et tue neuf personnes. Parmi les victimes, garçons et filles des usines textiles de Fourmies, huit ont entre 13 et 20 ans. La ville hérite d’un titre de guerre, « Fourmies la Rouge », et d’un imaginaire politique qui en a fait un bastion centenaire des communistes et des socialistes. Ce 1er mai 1982, au cimetière du Centre de Fourmies, Pierre Mauroy se recueille devant la tombe des martyrs de l’usine, flanqué des caciques locaux : le maire communiste de Fourmies Fernand Pêcheux (1913-1997) et le député socialiste de la 21e circonscription du Nord, Marcel Dehoux. Dans ce temple de la mémoire de gauche, ils sont alors en terrain conquis.

Un monde passe. Trente-neuf ans plus tard, en 2021, le second tour des élections départementales du canton de Fourmies voit s’affronter la droite et l’extrême droite, le binôme Union de la gauche ayant été battu dès le premier tour. La mairie de Fourmies est dans les mains d’un sémillant chef d’entreprise, Mickaël Hiraux, ancien de l’UMP qu’il avait rejointe jeune, « parce qu’il aimait bien Nicolas Sarkozy », confie-t-il. Aux municipales de 2020, il a écrasé Frank Berteaux, fils d’Alain Berteaux, dernier éléphant local et ancien maire communiste, avec 67 % des voix contre 24 %. Défaite, disparue, évacuée, la gauche semble réduite à l’état de souvenir. Comment les habitants ont-ils vécu ce renversement ?

 

Les usines ont perdu le fil

« D’où que l’on vienne à Fourmies, il faut traverser la forêt », m’avertit par téléphone Sophie Degouys, native de la ville. À mesure que mon train en provenance d’Aulnoye-Aymeries approche de Fourmies, il s’enfonce dans la terre forestière du parc naturel de l’Avesnois. Le bocage de Thiérache encercle d’ailleurs si bien la ville qu’elle a quelque chose d’une île : difficile d’accès, soustraite aux regards, « la vie en vase clos, explique Sophie. Fourmies est une incongruité, une poche industrielle au milieu des forêts ». Cet environnement n’a rien d’anecdotique, explique Jean-Louis Gambier, à la retraite depuis 2005, qui a fait toute sa carrière dans l’industrie textile. La forêt offre « un taux d’humidité persistant, parfait pour travailler le fil de bonne qualité ». Pour cette raison, la ville devient au XIXe siècle « le centre mondial de la laine fine peignée », multipliant en quelques décennies sa population par huit. Le musée du Textile et de la Vie sociale de Fourmies est dédié à cette mémoire et rallume chaque jour devant ses visiteurs les machines d’époque. C’est dans l’ancienne usine Masurel qu’a été installé le musée en 1980. Une grande filature rénovée, tout en briques rouges et surmontée de sa cheminée cylindrique. À l’étage, Jean-Louis nous raconte son histoire autour d’une bière artisanale locale. Électricien de formation, il commence à travailler comme mécanicien dans les usines du coin au début des années 1960. Il réparait, montait et démontait les machines, principalement alsaciennes. À l’époque, c’était « l’emploi perpétuel à Fourmies : quand on ne se plaisait pas à un endroit, on tapait à la porte d’à côté et on était embauché ».

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