Fin de la reproduction sexuée : quand la génétique ouvre la voie à une utopie féministe
Une équipe américaine est parvenue à donner naissance à des souris possédant, génétiquement, deux pères. Une étape sur le chemin de la désexuation des rôles dans la reproduction, défendue par certaines théoriciennes féministes telles que Shulamith Firestone (1945-2012).
Des bébés souris dotés de deux « pères » génétiques ? L’idée peut sembler irréalisable. C’est pourtant ce qu’a réussi à réaliser récemment une équipe américaine du M.D. Anderson Cancer Center au Texas (États-Unis), dans le cadre d’une étude aux objectifs multiples : permettre aux éleveurs de produire des individus issus de deux mâles aux caractéristiques intéressantes, permettre aux couples homosexuels d’avoir une descendance génétique, etc.
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont procédé en deux temps. Première étape : prélever des cellules souches d’un embryon mâle dépouillées de leur chromosome Y. Ces cellules souches sont implantées dans l’utérus de souris femelles afin d’engendrer sans fécondation des individus qui sont des sortes de clones femelle du premier père (même patrimoine génétique, mais sans chromosome Y). Seconde étape : faire se reproduire ces souris femelles, par accouplement avec un autre mâle selon les procédures naturelles (un ovule du patrimoine génétique du premier père, un spermatozoïde du patrimoine génétique du second père). Les rejetons – qui peuvent être aussi bien mâles que femelles – ont alors un patrimoine génétique hérité de deux mâles, sans adjonction de matériau féminin extérieur.
Désexuer la reproduction
Pour autant, la femelle n’a pas tout à fait disparu de la chaîne reproductive. Son rôle est néanmoins réduit à portion congrue : celui d’un individu clone permettant la production d’un ovule possédant le patrimoine génétique d’un mâle, et celui d’incubateur (dont on peut imaginer qu’il pourrait être remplacé par un utérus artificiel). Par ailleurs, le même processus est limité à deux mâles. Pour deux femelles, il faudrait obtenir des individus mâles au bout de la première étape, ce qui est impossible puisque les femelles sont dépourvues de chromosome Y. Il n’en demeure pas moins que la technique semble ici participer à la désexuation des rôles dans la reproduction, dont on peut envisager qu’elle soit à terme totale.
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