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La mégaporcherie du groupe Húběi Zhōngxīn Kāiwéi Élevage moderne (湖北中新开维现代牧业) dans la ville d’Èzhōu, près de Wǔhàn (Chine). Capture d'écran du réseau Weibo.

Nourrir la planète ?

Ferme verticale en Chine : la folie de l’élevage intensif

Octave Larmagnac-Matheron publié le 16 novembre 2022 8 min

26 étages, 650 000 animaux : la plus grande ferme verticale de porcs au monde a récemment été mise en service en Chine, à proximité de Wuhan. Certains y voient un projet d’avenir. Beaucoup y voient plutôt l’expression exacerbée d’une vision du monde périmée et dangereuse pour l’avenir.

 

Si les projets de ferme urbaines verticales, installées au cœur de la ville, se multiplient ces dernières années, l’installation récemment implantée en Chine impressionne par ses dimensions. La « plus grande ferme verticale du monde » exacerbe une logique de production qui prédomine aujourd’hui dans l’agriculture mondiale : l’élevage intensif qui, cherchant à augmenter les rendements en accroissant la densité animale dans les exploitations, a conduit à l’avènement de l’élevage hors sol ou de batterie.

La ferme porcine de 26 étages est comme la « suite logique » de cette course à la rentabilité, le prolongement vertical d’un modèle de fermes-usines d’abord horizontal. Mais la ferme verticale marque en même temps une rupture, un franchissement, une nouvelle étape un peu sidérante du mouvement d’intensification.

L’exigence de rentabilité

Ce modèle, qui accumule tous les aspects de l’élevage, de la gestation à l’abattage, répond d’abord à un objectif affiché de rentabilité : tout concentrer en un même endroit devrait permettre de produire beaucoup plus efficacement, grâce aux économies d’échelle. Mais c’est précisément cet objectif – lequel pousse à entasser toujours plus d’animaux dans un espace toujours plus limité – qui est justement en cause dans nombre de critiques de l’élevage intensif. Le mode industriel d’élevage démultiplie en effet la souffrance des animaux – les vidéos régulièrement diffusées par l’association L214 en attestent.

Pour répondre à cet impératif, les bêtes sont parquées dans des boxes où elles s’entassent les unes sur les autres. Les blessures occasionnées sont nombreuses, de même que les manifestations de détresse psychique. « Les porcs n’ont dans les fermes modernes d’élevage intensif rien d’autre à faire que manger, dormir, se mettre debout et se coucher. Ils n’ont généralement ni paille ni autre litière, parce que cela compliquerait la tâche du nettoyage. Dans ces conditions, des porcs peuvent difficilement ne pas prendre du poids, mais ils s’ennuient et sont malheureux », dénonçait déjà le philosophe Peter Singer dans La Libération animale (1975).

L’anthropologue Charles Stépanoff ajoute, dans L’Animal et la mort (La Découverte, 2021), que l’industrialisation de l’élevage, qui occulte la souffrance animale en la cloisonnant dans des fermes-usines coupées du monde, exacerbe la violence infligée à des créatures réduites au statut de ressource : « En quittant les fermes et les rues des villes, la violence s’est désocialisée, mécanisée et démultipliée. » Si la ferme verticale chinoise, par la concentration qu’elle rend possible, semble permettre de réinscrire l’élevage dans la cité, l’automatisation généralisée de la structure marque en réalité une séparation toujours plus grande entre l’humain et les animaux dont il se nourrit.

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