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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Des détenus agenouillés dans un camp d’éducation politique situé dans le comté de Lop (préfecture de Hotan), dans la province du Xinjiang (Ouest de la Chine). Cette photo a été publiée par une agence gouvernementale sur l’un des médias sociaux officiels, en avril 2017. © Xinjiang Bureau of Justice WeChat Account

La grande question

Faut-il commercer avec les assassins ?

Alexandre Lacroix publié le 28 janvier 2021 3 min

Le 19 janvier dernier, a eu lieu à la Chambre des communes en Angleterre un vote inhabituel, d’une portée éthique capitale. En effet, un projet de loi qui proposait de suspendre tout accord de commerce passé avec un régime reconnu coupable d’un génocide par la Cour suprême anglaise a été rejeté par une courte majorité des députés de la Chambre des communes, à 319 voix contre 308. Ce projet avait auparavant été soutenu et approuvé par la Chambre des Lords. En ligne de mire : le traitement infligé à la minorité musulmane ouïghoure par les autorités de Pékin. Actuellement, plus d’un million de ressortissants ouïghours seraient placés dans les camps d’internement du Xinjiang, sans procès (les conditions de vie dans ces camps sont documentées par les « Xinjiang Papers »). Alors, faut-il continuer à commercer avec la Chine ? Mais aussi avec la Birmanie, qui massacre la minorité Rohingya ? Et à une autre époque, était-ce une bonne idée d’être en négoce avec l’Allemagne nazie jusqu’en 1939 ?

Une ligne argumentative en défaut

De façon un peu décevante, le débat parlementaire en Angleterre n’est pas descendu au fond du problème, c’est-à-dire que les principes éthiques en jeu n’ont pas été examinés. Greg Hands, le ministre du Commerce anglais, a mené campagne contre le projet de loi au motif… qu’il donnait trop de pouvoir à la Cour suprême, et que celle-ci n’était pas qualifiée pour choisir les partenaires économiques du pays. Il entrait certainement une bonne dose de mauvaise foi dans cette ligne argumentative, puisque les élus sont accessibles aux lobbys et sensibles aux arguments d’opportunité économique, alors que les juges d’une Cour suprême prennent leur décision avec plus d’indépendance. Sur un tel enjeu éthique, n’a-t-on pas envie d’examiner les positions philosophiques en présence ? En voici une carte.

Tableau des positions et des arguments

Tableau des positions et des arguments

Le doux commerce de Montesquieu à l’épreuve des nouvelles puissances

Un argument fréquemment évoqué par les partisans du libéralisme standard ou de la realpolitik (situés sur les deux premières lignes du tableau) est celui du « doux commerce », exposé par Montesquieu dans De l’esprit des lois (1748). L’idée générale est que le commerce entre les nations rapproche les hommes et engendre la paix. Il oblige à passer des contrats, à les respecter, il promeut donc une vision commune de la justice. De fait, les libéraux ont eu tendance à présenter la globalisation des échanges, l’extension du marché comme un vecteur de démocratisation. Si nous échangeons avec un pays partenaire, celui-ci s’enrichit. Une classe moyenne y émerge, qui envoie ses enfants dans les grandes écoles, acquiert une forme d’autonomie par rapport aux autorités politiques et demande des droits qui garantissent ses libertés.

Seulement, cet argument très classique a clairement du plomb dans l’aile aujourd’hui. À l’heure où la Chine de Xi Jinping ou la Russie de Vladimir Poutine comptent parmi les premières puissances mondiales, tandis qu’avec l’invasion du Capitole, les États-Unis traversent une crise sans précédent de leur modèle politique, le sens de l’Histoire ne paraît plus si assuré – et l’avenir des régimes démocratiques n’est nullement garanti.

On serait donc tenté de retourner l’argument du « doux commerce » : puisque nous n’allons pas déclarer la guerre à la Chine ni à la Russie, notre seule chance d’affaiblir ces régimes est de ne pas commercer avec eux et de renforcer, à l’inverse, les accords économiques entre démocraties. Si le commerce international est une source d’enrichissement, cela signifie qu’il accroit la puissance de tous ses acteurs. Mais voulons-nous vraiment faire monter en puissance les dictatures et les responsables de génocides ? Comme l’avait vu Montesquieu, « deux nations qui négocient ensemble se rendent mutuellement dépendantes ». La question est donc : de qui, demain, souhaitons-nous dépendre ? C’est un choix que nous ne pouvons faire qu’aujourd’hui.

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