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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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(cc) Neil Thomas / Unsplash

Face à la mort et au deuil: la philosophie à l’épreuve du réel absolu

Cédric Enjalbert publié le 01 novembre 2015 3 min
L’épreuve de la mort et du deuil nous confrontent à une épreuve éthique qui teinte d’une douleur indélébile notre idée de la vérité. Les philosophes en témoignent.

« Les sociétés humaines ont toujours réservé une place privilégiée à la pensée de la mort. À une exception près : la nôtre. » C'est le constat que Philosophie magazine dressait dans le dossier « La mort, oser y penser », en dévoilant les résultats d'un sondage exclusif. À la question « Face à la mort, comment nous conduisons-nous ? », l'enquête révélait cette réponse surprenante, bien que compréhensible: 71% des Français préfèrent ne pas penser à la mort.  Épicuriens convaincus, toutes catégories d’âge, de classe ou de sexe confondues, ils souhaitent éloigner cette funeste perspective. 

 

Tenir tête à la mort

Pourtant, les options métaphysiques existent pour aborder l'impensable, cette peur inconsciente qui nous ronge. Plutôt que de l'ignorer, le thérapeute et écrivain américain Irvin Yalom préfère ainsi directement aborder la question de la mort avec ses patients, assuré que « l’idée de la mort nous sauve ». Selon lui,  « en regardant la mort en face, on peut vivre des expériences d’éveil : c’est ce que Nietzsche veut faire comprendre lorsqu’il dit que “ce qui ne me tue pas me rend plus fort”. »

Atteint d'une tumeur au cerveau en juin 2007, le psychanalyste et philosophe Patrick Declerck a été lui contraint de tenir tête à la mort, invité à examiner à nouveau frais cet adage voulant que philosopher c'est apprendre à mourir. Une idée défendue, parmi tant d'autres mais avec quelle ardeur, par Umberto Eco, affirmant que « la philosophie est le plus beau moyen de régler ses comptes avec la mort ».

 

Nuit silencieuse

Alors? « Passionnément, oui, écrit Patrick Declerck, la philosophie aide à vivre mieux et plus grandement, et à mourir sinon tout à fait debout, joyeux encore, et indifférent, tout au moins pas totalement couché et moins lâchement. Oui, la philosophie conduit à avoir moins peur de la nuit sans matin des choses inanimées. Ce silence infini dont on est issu et auquel inéluctablement on retourne. »

Et que se passe-t-il après, parvenu dans les confins de cette nuit silencieuse? Nul ne le sait, bien entendu. Sinon les rares qui en sont revenus. Clément Rosset est de ceux-ci, lui qui le 3 septembre 2010 s’est noyé dans une crique de Majorque, ou presque noyé. De ces dix-huit jours plongé dans un semi-coma, ce philosophe du réel a rapporté le récit d’aventures extravagantes. Où il revient de ce voyage outre-tombe avec une réflexion sur l'invisible et le « caractère étrange de la pensée ». 

 

Compagnons de route

Ce voyage dans les abysses, l'écrivain Claudio Magris l'a entrepris lui aussi, après avoir perdu son épouse. Il en retire une méditation profonde sur l'union des morts et des vivants: «Je ne sais pas ce que pensent les morts, s’ils pensent ou s’ils ne pensent pas, mais j’ai le sentiment d’une présence très concrète des morts autour de moi. Amis ou épouse, je parle avec eux, on se fâche, on se réconcilie… Ils restent mes compagnons de route. Une histoire d’amour continue après la mort. »

Nous en réalité sommes très nombreux à dialoguer avec nos morts. Pour la philosophe Vinciane Despret, qui fait paraître une enquête « sur la manière dont les morts entrent dans la vie des vivants », intitulée Au bonheur des morts. Récits de ceux qui restent (La Découverte, 2015) et explorant les « brèches dans l’opposition entre être et non-être », une partie de nous-mêmes s’adresse bien aux défunts. Même les intellectuels, qui entretiennent généralement des rapports à leurs morts de manière plus détournée, « diront qu’ils ne s’adressent pas directement au mort, qu’ils savent très bien que les morts n’existent pas. Et pourtant, ils maintiennent un statut ontologique au défunt, qu’il soit fort ou plus éthéré ou symbolique, par exemple en conservant un objet lui ayant appartenu ».

 

Entre chagrin et néant

Finalement qu’est-ce que faire son deuil ?, c’est la question que nous posions dans un dossier paru en novembre 2014. Philippe Forest dialoguant avec Vincent Delecroix, y souligne à quel point le « chagrin est une forme de commerce avec la perte qui permet de se soustraire au néant ». Et son interlocuteur de souligner combien « perdre un être, c’est être face au réel absolu, c’est-à-dire à l’irréversible et à l’insubstituable ».  Épreuve éthique, expérience d’un irremplaçable, le deuil teinte d’une douleur indélébile l’idée même que nous nous faisons de la vérité. 

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